Une rue colorée de la capitale écossaise
Ce court séjour s'est organisé il y a quelques semaines déjà, avec deux étudiantes Erasmus du Hall. Deux, c'est peu, et en même temps, c'est en un sens presque trop, tant il y avait de choses à voir dans cette ville. Le titre de ce post, est trompeur : nous avons bien pris, tard vendredi soir, un car Megabus depuis la Victoria Coach Station – hum – en direction du nord du royaume. Le lendemain matin, après une nuit pas exactement reposante, arrivée dans la ville de Walter Scott. Tiens, vous avez vu, je n'ai pas refait le coup stupide de la "ville de..." suivi d'un nom de joueur de foot emblématique du club local. D'un autre côté, faut bien reconnaître que les clubs écossais des Hearts et de Hibernian, c'est pas la même chose que les londoniens Chelsea ou Arsenal. Bref, je disais : arrivée à Edimbourg un samedi matin, 8h00, sous un ciel radieux, avec un vent terrible, et par un froid glacial.
Un truc dans la New Town qui ressemble vaguement à une flèche de cathédrale,
vue depuis le North Bridge vers la Old Town
Ayant réservé à l'avance 3 places dans une auberge de jeunesse très bien située, et ne pouvant prendre possession de nos lits avant 14 heures, nous nous contentons de déposer nos maigres bagages dans l'auberge, puis nous partons nous poser dans un café Starbucks pour une semi-sieste devant un chocolat chaud. Objectif : 14 heures, donc. Cela tombe bien, puisque 14h, c'est aussi l'heure de fin d'une balade de trois heures dans la vieille ville, la Old Town. Le principe de l'expédition est original : une visite touristique guidée gratuite, durant trois heures, exclusivement à pied, et conduite par un bénévole qui n'est rémunéré qu'au pourboire. À 11 heures, comme les plus forts en maths d'entre vous l'aurons compris, nous émergeons du café pour nous rendre au point de rendez-vous fixé pour le départ du free guided tour, soit... devant le Starbucks lui-même. Nous faisons rapidement connaissance avec notre guide, un pas très local Australien, néanmoins connaisseur des curiosités touristiques de la ville. Très sympathique, drôle, sachant beaucoup de choses, et étant même capable de les communiquer, puisque l'accent australien est bien moins violent pour un néophyte que l'accent écossais.
Notre guide australien nous présentant le monument d'une place publique
Pour vous donner une présentation rapide d'Edimbourg, c'est une capitale de petite taille (moins de 500 000 habitants), dont le centre historique est très bien conservé. Le principe de la Old Town est assez étrange : elle est construite sur une roche volcanique sur-élevée, dominant nettement la mer pourtant toute proche. La barre de roche est longiligne, une forme de mini-crête, en pente descendante d'ouest en est. À l'extrémité ouest de ce relief, le château médiéval d'Edimbourg, surplombant de hautes falaises qui tombent à pic. À l'extrémité est, une descente tranquille vers la mer. Une vraie ville fortifiée, donc.
Une rue montant en biais de la New Town vers la Old Town.
Au sommet ouest de la crête, au centre sur l'image, on distingue
le château fortifié et les falaises qui l'entourent.
La particularité de la vielle ville est d'être entièrement construite autour d'un seul axe, au sommet de la crête ouest-est que j'ai mentionnée. Cette seule rue est surnommée le Royal Mile, car la distance du début de la pente, à l'est, jusqu'aux hauteurs du Edinburgh Castle, à l'ouest, est d'à peu près un mile, soit un peu plus de 1 600 mètres. De part et d'autre de cet axe s'alignent des maisons médiévales en pierre. Les nombreuses minuscules ruelles perpendiculaires au Royal Mile se faufilent entre ces bâtiments pour mener à des cours intérieures. Si vous prenez une coupe nord-sud, vous donc avez pente abrupte – bâtiment secondaire – cour intérieure – bâtiment principal – Royal Mile – bâtiment principal – cour intérieure – bâtiment secondaire – pente abrupte. Edimbourg est donc réellement une ville en trois dimensions, et on comprend dès lors l'importance des nombreux ponts permettant de relier la sur-élevée Old Town au reste de la ville, en contrebas.
À gauche, la Saint Giles Cathedral d'Edimbourg.
Notre visite guidée se passe ainsi exclusivement le long du Royal Mile. Il faut dire qu'on a des choses à voir, et à entendre : bâtiments administratifs, places publiques, cathédrale, château fortifié... Et puis vlan, patatras, au cours d'une pause, nous perdons le fil de la visite et notre groupe, après 1 heure et demie de marche. Dommage, car c'était vraiment très amusant et bien mené, notre groupe ayant au passage changé de guide après une demi-heure, notre Australien étant remplacé par un local tout aussi rodé à l'exercice. Il est donc 12h30, nous déjeunons, puis nous dirigeons vers notre hôtel à 14 heures pour une sieste bien méritée. Pendant la soirée, nous retrouvons un étudiant de Sciences Po en échange cette année à Edimbourg, ainsi que d'autres Français, pour un sympathique dîner tagliatelle carbonara. La nuit arrive, tout devient noir, un peu comme maintenant : mon train vient de pénétrer dans le tunnel sous la Manche. À noter également, nous croisons par hasard le pub dans lequel une certaine J.K. Rowling a écrit le premier tome de sa série de best-sellers Harry Potter, du temps où elle vivait à Edimbourg et n'avait pas les moyens de payer le chauffage continu de son domicile...
La spectaculaire vue depuis le pub "Elephant House" :
On comprend que l'inspiration vienne plus facilement...
Le lendemain, dimanche pascal, nouvelle expédition au programme : celle d'une nouvelle visite guidée, mais en bus cette fois-ci, et du côté du Kingdom of Fife, une région de l'est de l'Ecosse, et plus précisément de Saint Andrews, autre ville historique. Pour vous donner un repère, c'est dans l'université locale, la plus ancienne du Royaume-Uni, que le prince William a fait ses études, il y a quelques années de cela. La ville est d'ailleurs très visiblement étudiante. Saint Andrews, c'est aussi au golf ce qu'Anfield Road est au football : un repère mythique de tous les amateurs de ce sport étrange, qui consiste à mettre une balle de 4 cm de diamètre sur une boule de 40.000 km de tour et à frapper la petite, non la grande [Churchill]. D'ailleurs, on ne peut s'empêcher de penser qu'avec les rafales de vent monstrueuses qui soufflent sur le green, installé – avec une prévoyance sidérante – juste à côté de la plage ouverte à tous les vents, ça doit être plutôt difficile de faire rentrer la balle dans 18 trous différents autour du centre ville sans dégommer le moindre spectateur au passage.
Les "greens" de St Andrews au premier plan,
la plage et les dunes au second plan.
Saint Andrews était la destination finale de notre voyage, mais ce ne fut pas notre seul arrêt : nous sommes également passés à l'aller par les Lomond Hills (qui ressemblent d'ailleurs furieusement au Massif Central), pour une pause panorama, puis nous sommes passés par un village authentique du Kingdom of Fife, Faulkland, qui est un endroit apprécié en haut lieu pour la chasse, et sans doute aussi la seule ville du monde à avoir son église fermée un dimanche de Pâques. Au retour, nous passons par un village de pêcheurs, extrêmement bien conservé, et qui vaut bien une séance photo. À noter que cette séance dominicale sera décisive : je suis soudainement frappé par la grâce, et comprends enfin, après plus de 9 mois d'utilisation, une fonctionnalité extraordinaire de mon appareil photo numérique, qui permet un réglage rapide des paramètres en fonction de la situation choisie. Mieux vaut tard que jamais.
Une falaise dans le village de pêcheurs :
les beaux bleus, admirez les beaux bleus !
"Mieux vaut tard que jamais", c'est aussi ce qu'ont eu l'air de penser les responsables d'Eurostar ce matin. Moi qui m'étais levé à 4 heures pour être à temps à Saint Pancras, ces sadiques ont annoncé retard sur retard avant de prononcer la sentence fatidique : le train ne partirait pas, nous allions être redistribués à travers les trains suivants. Ça a provoqué un léger découragement. Dans la minute qui a suivi cette annonce, les portes se sont ouvertes, et l'embarquement a commencé. Je sais pas si l'annonce de l'annulation du train, c'était pour faire de l'humour, mais en tout cas, à 5 heures du matin, ça passe bizarrement moins bien. Cela dit, on est désormais en France, et tout va bien.
Je reviens à mes moutons : suite et fin du Edinburgh [prononcez édinnebrrrha] trip. De retour de Saint Andrews dimanche à 18 heures, nous restons plutôt sages dans la soirée. Le lendemain lundi, notre dernier jour sur place, nous partons en fin de matinée pour le National Museum, puis le très quelconque Writers Museum, dans lequel vous pouvez avoir l'unique opportunité de voir de vos propres yeux une mèche de cheveux de Robert Louis Stevenson, et de vérifier que la tradition écossaise de la "marche piège" est aussi une réalité pratique. Dans l'après-midi, nous nous posons dans un pub pour déjeuner et échapper à la neige abondante qui tombe sur Edimbourg. Vers 16h30, nous sortons – sous un soleil radieux, allez comprendre – pour profiter des vues depuis une colline à la bordure nord de la ville. Puis, retour vers notre auberge de jeunesse, et départ le soir depuis la Edinburgh bus station. Arrivée définitive à Londres le lendemain matin.
Au dessus de notre guide local, une coupe d'un escalier.
L'objectif : surprendre le cambrioleur éventuel.
Au final, ce que je retiens de ce voyage c'est d'abord qu'Edimbourg est une ville magnifique et très agréable, mais aussi que les Écossais ont au moins un point commun avec les Français : ils n'aiment pas beaucoup leurs chers voisins anglais. Dans tous les musées, la spécificité historique de ce peuple celte est mise en avant par une opposition quasi-systématique à l'Angleterre. Les guides touristisques, y compris notre ami australien, ne se lassent pas des piques fréquentes envers les perfides habitants du sud du royaume. Edimbourg est aussi la ville du monde où j'ai vu l'identité nationale la plus affirmée à travers son drapeau : la croix de Saint Andrew, blanche sur fond bleu, est omniprésente, que ce soit devant les bâtiments publics, sur les monuments historiques, dans les places importantes, et surtout dans les nombreux pubs qui bordent le Royal Mile. Le seul personnage qui suscite autant de moqueries que les Anglais est Mel Gibson, dont le fameux film Braveheart passe auprès des locaux pour un joyeux détournement hollywoodien de leur histoire.
La croix de Saint Andrews et une tour, sur une colline surplombant la ville
Ci-dessous, "Flower of Scotland", l'hymne écossais, fameux pour les amateurs de rugby :
When will we see
Your like again
That fought and died for
Your wee bit Hill and Glen
And stood against him [against who?]
Proud Edward's Army
And sent him homeward
Tae think again.
Those days are past now
And in the past
They must remain
But we can still rise now
And be the nation again
That stood against him [against who?]
Proud Edward's Army
And sent him homeward
Tae think again.
Sur ce, je suis bien installé chez moi, à Paris, et je vais donc désormais pouvoir poster ce nouveau message interminable. Je suis à Paris jusqu'au 10 avril, et à Dublin du 11 au 18, puis je rentre sur Londres pour mes examens. Je souhaite aux anglo-saxons un joyeux spring break, et à tous les autres une bonne fin de semaine. Allez, portez-vous bien, prenez soin de vous, on se retrouve dès que possible pour de nouvelles aventures en direct du Canterbury Palace, mais en attendant, d'ici là, surtout, surtout, ne lâchez rien !
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