mardi 25 décembre 2007

Desertified London

Nous sommes le 25 décembre au soir, et par conséquent, joyeux Noël à vous ! En guise de cadeau, je n'ai pas grand chose à vous proposer. "Ça ne nous change pas tellement", commenteront certains... Quoique, après tout, j'ai peut-être quelque chose à proposer : on a parfois le cliché de la ménagère qui tricote en hiver, au coin du feu, pour préparer des cadeaux faits-main (demandez à Ron Weasley). Je vais me permettre une audacieuse comparaison : de retour à Londres, je me mets à mon tour, même si certes un peu tard, à broder, mais pour vous raconter ma vie. La comparaison est d'autant plus judicieuse que poser ses pieds sur le radiateur de ma chambre équivaut à peu de chose près à les mettre au beau milieu d'un feu de cheminée – surtout si vous avez des chaussettes, auquel cas vous avez aussi droit à la fumée toxique.

Mon petit feu de cheminée à moi

Plus sérieusement, à défaut de broder sur rien, je vais broder sur le vide. Comme l'indique le titre hasardeux de ce message, ce qui marque quand on débarque à Londres un 24 décembre "à-15-heures-en-théorie" ( soit "à-16-heures-passées" traduit en langage Eurostar), c'est qu'une fois sorti de la gare flambante neuve de Saint Pancras International, il n'y a plus personne. Ni sur la route, ni dans les rues. Londres, métropole mondiale ? Tu parles ! Village fantôme de western, oui ! Sauf que les bottes de foin ne sont pas poussées par le vent, comme dans les westerns, mais peintes à la bombe violette, suspendues au mur, et rebaptisées "Christmas decorations".

Les "Christmas decorations" de notre Common Room,
avec le nouveau baby-foot en fond

Pas un chat dans les rues, donc. En revanche, il y a des renards. Eh oui, des renards, l'attraction animalière de Londres, des animaux sauvages qui se baladent en liberté dans les parcs. Une espèce pour le moins surprenante de renard de poubelles, dont nous venons de croiser – d'assez près – un spécimen avec ma famille, de passage à Londres. Point positif pour les Anglais : leurs renards sont plus roux que leurs écureuils, qui ressemblent eux franchement à des rats. Et tout le monde (animal) il est content dans cette ville déserte : les seuls à se balader la journée dans Londres en ce moment sont des touristes, qui nourrissent donc les écureuils dans les parcs, et ces touristes rentrent dare-dare à l'hôtel ou au pub une fois la nuit tombée, soit à 16h, foutant donc la paix aux renards.

Gaspard jouant au touriste avec un écureuil-rat

(Désolé, j'ai pas de photos de renards noctambules londoniens, je me balade
pas
non plus tout le temps avec mon - magnifique - appareil photo)

En revanche, une fois rentré à Canterbury Hall, ni renards, ni écureuils. Cela dit, c'est peut-être mieux ainsi : on ne sait pas comment ils pourraient réagir face au Père Noël dansant de la réception – même si celui-ci est apparemment en panne depuis quelques jours. Toujours est-il que j'ai plutôt eu une bonne surprise en arrivant au Hall : il semble qu'il y ait plus de monde que prévu. Non mais sérieusement, en comptant les deux "senior students" on duty et la petite armée de réceptionnistes (au moins dix) qui se relaient à l'entrée de notre Hall, on doit bien être quinze dans le bâtiment. Manière de dire que non, il n'y absolument personne. Sur les 250 étudiants habituels, on est à peine une demi-douzaine, majoritairement des Asiatiques qui n'ont pas les moyens de rentrer en Malaisie ou à Singapour pour Noël. En même temps, je ne me plains pas de cette désertification : quand il a s'agit de faire visiter à mes parents et à mes deux soeurs, en même temps, ma chambre du Hall, sachant que l'on n'a d'ordinaire droit qu'à trois invités maximum par étudiant, j'avais un "argument" tout prêt : "- I don't really think my neighbours are going to complain about the noise..."

Le couloir du sous-sol du Hall, dont il faut se essayer de se représenter
qu'il donne sur des points stratégiques d'affluence :
les ascenseurs, le Dining Hall, la Common Room, la TV Room...
Et pourtant...

Cela dit, même s'il a été formulé, je ne suis pas sûr que cet argument ait été décisif auprès du réceptionniste : sa réponse a été de me dire que je pouvais exceptionnellement accueillir quatre visiteurs en même temps... parce que c'était Noël. Snif, versez une larme. Il venait de voir Love, Actually ? ^^ Vous voyez bien que je ne suis pas le seul à faire des pseudo-cadeaux bidons pour Noël... D'ailleurs, j'ai fini de broder : avec une telle répartie du réceptionniste à ma tentative d'intrusion en masse, la formule d'envoi est toute trouvée : Merry Christmas to you all !

lundi 17 décembre 2007

End of Term One

Ici Londres... mais plus pour longtemps ! Cela dit, les Français parlent toujours aux Français, de France et d'ailleurs. Nous sommes le lundi 17 décembre, ma valise est bouclée, mon billet Eurostar est imprimé, je suis donc fin prêt pour mon départ à 15h30, heure indigène, depuis Saint Pancras, la gare dont Eurostar a eu la génialissime idée de penser qu'elle ferait un bon terminal pour ses trains, gare qui a elle-même eu la super initiative de se trouver à 5 minutes à pied de mon Hall. Je l'en remercie chaleureusement.

5 minutes, montre en main...

Deux fois n'étant pas coutume, après le 'Salad Bar' du post précédent, je vais faire de la publicité. Comme les utilisateurs de Facebook ou les lecteurs du 20 Minutes ont eu l'occasion de s'en apercevoir, la gratuité, c'est bien beau, mais il faut forcément de la pub pour faire vivre tout ça. Or, Radio Londres, c'est gratuit, donc, pub. Amen. Je vous rassure, je ne me hasarderai pas à publier des publicités pour le site internet de notre meilleur pote du moment (le Général Kadhafi), comme l'a par exemple fait un grand quotidien de droite français, que je me retiendrai de citer, car même avec la liberté de blâme, on ne lui trouverait sûrement pas d'éloge assez flatteur... Remarquez, ils ont eu la présence d'esprit de faire le coup deux jours d'affilée : si la première fois, Beaumarchais a dû se retourner dans sa tombe, au moins la deuxième l'aura remis en place. Fin de l'antipublicité.

Eh si, je m'y suis hasardé...

Donc, non, pas de Kadhafi. La publicité que je vais faire est en particulier tournée vers mes amis de Pipo, en vadrouille aux quatre coins du monde, et qui n'ont pas nécessairement le décodeur satellite Canal + au milieu du Gange ou au coeur de la forêt amazonienne : comme me l'a signalé un camarade strasbourgeois du Hall, il est désormais possible de consulter sur internet, ... gratuitement..., les émissions en clair de la chaîne cryptée, soit les Guignols, le Zapping, et j'en passe et des moins drôles. On en profite sans doute tout particulièrement quand on passe une année loin de la métropole, alors, amis expatriés, sus à Internet ! C'est valable pour les autres aussi. ^^

La page web des Guignols

Puisqu'on parle de Canal +, me voilà tout naturellement amené à parler de mon après-midi footballistique d'hier. Petit debriefing sur ce que le pendant british de Canal, Sky, avait appelé le 'Grand Slam Sunday'. Au programme : deux matches de foot successifs regardés dans un pub – juste en face de Saint Pancras, le Euston Flyer. J'imagine déjà les gens normaux qui se regardent : « mais comment peut-on passer une journée à regarder des gens qui courent après un ballon ??? » Certes. Mais voilà, c'était Liverpool-Manchester United suivi de Arsenal-Chelsea, donc c'était, pour faire simple, quatre des tous meilleurs clubs d'Europe qui s'affrontaient. Mais voilà, c'était dans un pub, et j'en connais qui auraient trouvé que ça constituait une excuse suffisante pour y rester de 13 à 18 heures. Surtout que, comble du bonheur, on m'a même offert une pinte de Carling sur place... (un couple qui l'avait achetée pour sa fille, qui ne pouvait finalement pas venir, j'aurais peut-être mieux fait de me taire) En tout cas, ambiance nettement plus sympathique et conviviale que dans n'importe quel bar 'sportif' français, où chacun guette et tance la moindre erreur individuelle. Hier, c'était vraiment une attitude de 'sport-spectacle' positive, même s'il faut bien dire que c'est plus facile avec Arsenal-Chelsea qu'avec PSG-Sochaux.

The Euston Flyer

Pour compenser cette inactivité dominicale chronique, j'ai terminé ma journée par un match de squash, et me voilà donc cassé de partout : débordant d'enthousiasme, j'en viens parfois à oublier que le squash est un jeu d'intérieur, et donc qu'il y a des murs au bout de la course pour récupérer la petite balle grise... Je rassure ceux qui ne sont pas écroulés de rire : non, je ne me suis pas vraiment fait mal, je vais bien.

Pas de 'bilan' de ce premier semestre à Londres au programme, juste une dernière remarque : les statistiques de densités de population ce matin au Dining Hall feraient passer le massif du Sancy au mois d'août par temps de pluie pour une métropole à l'activité débordante...

L'objet de la comparaison. Bah oui, quoi :
On est au moins quatre...

Sur ce, time's ticking as I used to say, et je vais donc vous laisser. Je serai de retour à Paris à partir de ce soir, 19h00, et jusqu'au lundi 24 décembre, 13h00. En espérant que j'aurais la possibilité de revoir le maximum d'entre vous au cours de ce séjour, je vous dis à bientôt, et bonnes vacances !

Saint Pancras International : Paris, here I come !

dimanche 9 décembre 2007

Back from York

Nous sommes en décembre 2007 et vous êtes trop souvent sur internet, bonsoir ! Mine de rien, cela fait déjà quelques temps que je n'avais pas renouvelé cette page, c'est au moins signe que je ne vois pas le temps passer. Rien de surprenant à cela, car j'ai eu de quoi m'occuper au cours des dernières semaines. Et j'ai donc quelques trucs à vous raconter.

Juste pour rire, petite précision préliminaire, en relation avec le message précédent : l'alarme incendie s'est déclenchée à 5 reprises la nuit dernière entre minuit et deux heures du matin. C'était certes un samedi soir. No (more) comment. Pour le fun, une publicité pour un 'salad bar' qui se trouve sur le chemin entre le Hall et la bibliothèque de King's, et qui vaut le détour - même si, comme vous l'avez compris, pas besoin de détour :

"Look good naked, eat salad !"

Ensuite, pour faciliter encore davantage la transition avec le message précédent, je reprends là où j'avais terminé : le patinage à la Somerset House, le dimanche 25 novembre dernier – quinze jours déjà ?! Bref, attraction un peu attrape-touristes (nantis), mais avec la cotisation du Hall et les camarades adéquats, ce fut fort sympathique. Comme l'a délicatement relevé l'apprenti journaliste du Canterbury Tales – notre petit journal du Hall à nous – dans son article sur cette séance de glisse dominicale, les niveaux de patinage allaient du patinage de vitesse genre JO à un débutant total... l'Espagnol d'Erasmus, le fameux fan de squash, dont je tairai le nom dans un élan de discrétion qui m'étonne moi-même. Il a d'ailleurs mis un peu de temps pour se remettre de sa succession de gadins à glace, et n'était pas au top, précisément, pour le match de squash de mercredi dernier. Cela dit, quand on a été témoin de l'acharnement avec lequel il a persisté à vouloir se relever et repartir après chaque chute, on se doit d'être un minimum admiratif, malgré la technique et le résultat pour le moins originaux. Après l'effort, le réconfort, qui prend la forme d'un verre de vin chaud – eh oui, même les Anglais connaissent.

Photo artistique d'un étudiant anglais du Hall
de ladite patinoire installée à Somerset House

J'en viens maintenant au centre « d'intérêt » majeur de ce message : le week-end passé à York avec les étudiants Erasmus. Départ programmé à la gare de King's Cross, à 6 heures 15 du matin, le samedi 1er décembre. Soit dit en passant, l'histoire du quai 9 ¾ de Harry Potter est une gigantesque arnaque : le quai de King's Cross décrit par J.K. Rowling dans son best-seller est celui entre les voies 4 et 5, pas celui entre les voies 9 et 10. Bref, départ du train vers Edimburra passant par York, et 3 heures plus tard, nous voilà transplanés à York, pour deux jours. Pour les points communs de ce séjour avec L'Auberge Espagnole, on peut citer la diversité des nationalités : trois Français, deux Allemands, deux Espagnols, une Italienne, un Tchèque et une Norvégienne. Pour les différences par rapport au film narrant les aventures d'étudiants à Barcelone en Erasmus, j'en vois surtout une : la météo. Pour ceux pour qui la géographie de l'Angleterre est à peu près aussi mystérieuse que les règles du cricket, York est une ville qui se situe au nord de Liverpool et de Manchester, même si au sud de Newcastle. Je vous l'accorde, on dirait une description de dictionnaire, quand un mot qu'on ne connaît pas renvoie à trois autres mots inconnus. Pour faire plus simple, York, c'est l'Ecosse sans les kilts. Bref, week-end froid et pluvieux à souhait dans la capitale de l'Angleterre médiévale, qui nous a donc vu nous réfugier piteusement de pub en bar et de bar en pub pour chercher un abri.

Une photo que j'ai prise samedi matin en arrivant, et qui est assez exceptionnelle :
la cathédrale de York par beau temps

Nous avons passé la nuit au York Backpackers – une « auberge de jeunesse » pour ceux qui préfèrent. Nous avons rapidement colonisé la salle télé, seule salle commune vivable. Eh oui, perversion des temps actuels, la salle télé est la plus vivable de toutes, loin, mais alors très loin devant la cuisine. Quant à parler des salles les plus miteuses, la salle de bain est classée hors-compétition.

L'affiche placardée dans la cuisine commune
du York Backpackers... Notez le petit "P.S" en bas à droite.

Je plaisante, évidemment, parce que nous n'avions en rien à nous plaindre du contexte dans lequel nous étions logés, mais bon, c'est le principe du blog, quoi, il faut trouver des choses à raconter. Quand vous rajouter à ce principe le fait que j'essaie de faire de l'humour – si, si, je vous assure –, vous comprenez mieux le pourquoi de ce genre de détails. Un dernier détail, qui était pour le coup vraiment sympathique : les lits superposés dans les dortoirs étaient faits-main, ce qui veut dire que pour un exemplaire, ils avaient pris deux lits classiques, des vis, éventuellement un écrou ou deux (ça dépend des spécimens) et des planches de bois, on bidouille un truc, et hop (comme dirait mon pote Achille...) ça donne un lit superposé. J'étais censé dormir au-dessus, mais mon camarade là-dessous étant médiocrement rassuré à l'idée de courir un risque d'écrasement important, j'ai finalement accepté d'échanger de place, et j'ai passé une nuit à rêver d'un livre d'enfant que j'ai lu il y a quelques années de cela (quand même...) : Clément aplati. On n'a peut-être pas les mêmes références, certes. Et je suis encore vivant.

Voilà, le York Backpackers, c'est là.
Je sais, là aussi, il fait beau, mais encore une fois, c'est samedi matin !

Il faut donc bien reconnaître que notre week-end culturel s'est un peu transformé en glandage massif dans les pubs de York. À part ça, il faut quand même mettre à notre actif une balade sur les remparts de la ville médiévale par temps de pluie, le contournement subtil de la cathédrale gothique, le York Minster, et les marchés de Noël divers.

Le groupe Erasmus en balade sur les remparts (ah, vous voyez bien qu'il a plu !)

Sans transition aucune, me voilà arrivé à une nouvelle attraction de la vie du Hall, à savoir le « Christmas Dinner » de mardi dernier. Je vais être assez désagréable pour ce monument de la culture britannique, mais alors les célébrations de Noël à la mode anglo-saxonne, ça craint. D'abord parce que Noël ou pas Noël, Dieu a à l'évidence décidé que les Anglais ne sauraient jamais cuire convablement de la viande, et ensuite parce que les décorations étaient d'un goût inimitable... Eh oui, car pendant que nous étions à York, le comité d'étudiants responsable de la vie du Hall se chargeait de le décorer en version « Happy Christmas ». Pour ceux pour qui ont lu Harry Potter, je remplacerais ça par « Harry Christmas », en référence au goût légendaire de l'elfe de maison Dobby dès qu'il s'agit de bonnes idées décoratives. Comme dirait Desproges, « c'est d'un goût... ». Mais on les aime bien, au fond, nos amis britanniques. À leur décharge, c'est vrai qu'Oxford Street est plutôt sympathique. Mes seules réserves seraient par rapport aux guirlandes couleur Mercedes-Benz qui fleurissent sur les murs, aux flocons de neige texture 'Freedent Blancheur Plus' qui sont accrochés sur les vitres, et à l'automate-Père Noël installé dans l'entrée qui dandine sa tête de droite à gauche depuis une semaine sans interruption, et sans torticolis.

Canterbury Hall's living Santa Claus

Mais je survis envers et contre tout, surtout le froid, dans ce décor kitsch au possible, en attendant tout de même avec impatience les vacances de Noël, qui signifieront que tous mes essais seront rendus, et que je serai de retour du 17 au 24 décembre à Paris (oui, « au 24 »). Christmas ahead !

dimanche 25 novembre 2007

Move back from the gates !

Vous croyez toujours ce qu'on vous dit sur les blogs, bonjour. Après un long silence dans cette page Radio Londres, reprise du bulletin d'information en continu sur ma passionnante vie d'étudiant Erasmus à Londres. De retour dans la capitale britannique après quelques jours passés à Paris durant ma reading week, me voilà fin prêt à vous raconter mes délirantes activités de ces derniers jours – oui, il y aurait comme un soupçon d'autodérision dans l'emploi de l'adjectif « délirant ». Au programme : les ratés dans ma jeune carrière de G.O du Club Med, le début d'une carrière plus prometteuse dans un autre registre, et un petit fait divers de la vie de Hall.
Non-breaking news, live from Canterbury Hall

Alors, ma carrière de Gentil Organisateur... Non, ne riez pas, G.O, ça peut être une excellente rampe de lancement vers la gloire: regardez Nicolas Canteloup... Malheureusement, il ne suffit pas toujours d'être motivé, il faut quand même avoir aussi du talent à la base. Or le talent, particulièrement dans le domaine concerné, ce n'est pas vraiment ce qui me caractérise. Comme les plus sagaces d'entre vous l'auront déjà deviné, je parle de donc de football. Conclusion limpide de ce syllogisme intérieur : je ne connaîtrai sans doute jamais la gloire footballistique. Certes, ce n'est pas à proprement parler un scoop. Bref, je m'égare. Je disais donc que je m'étais senti pousser, à défaut d'ailes, des manches de survêt' Club Med (c'est assez désagréable comme sensation) en essayant d'organiser un match de football sur grand terrain, à onze contre onze, entre mon Hall et le Hall d'un camarade sciences-piste, distant d'à peine quelques yards. Pour être plus précis, il m'a dit lundi qu'il avait de son côté des gars motivés, et m'a donc demandé de former une équipe de mon côté pour jouer ensemble samedi, soit hier. Après maintes pérégrinations et autres allées et venues dans le Dining Hall à l'heure des repas, j'ai fini vendredi soir par obtenir tant bien que mal l'accord d'une douzaine de personnes pour jouer le lendemain à 14h00 à Regent's Park contre Connaught Hall. Le lendemain 13h30, heure du rendez-vous fixé, dans la réception du Hall, mauvaise surprise : sur les 12 nommés, 10 manquent à l'appel. Répondent présents seuls l'Américain Nate et l'Anglais Wai Ho, à qui je rends hommage dans ce message pour leur firmitate et constantia et caetera. L'ami français de Connaught Hall me rassure en me disant que de toute façon ils sont beaucoup trop nombreux de leur côté, et qu'ils pourront nous passer des joueurs. Résultat : pendant le match, la « Canterbury Hall Team » réunit, donc, 3 vrais résidents de Canterbury Hall (je m'inclus), deux amis français en stage à Londres, et l'ami de Connaught qui décide de jouer avec nous... ainsi qu'avec 5 autres volontaires de Connaught Hall, qui acceptent de jouer pour l'ennemi. 3 + 2 + 1 + 5, ça fait 11, on est parti. 2 heures plus tard, triomphe pour la Canterbury Hall Football Team, qui s'impose 3 buts à 0, avec malgré tout une singulière particularité : aucun résident de Canterbury n'a marqué. No comment. Au lieu de me lancer dans une analyse, qui serait à n'en pas douter passionnante, de ce match joué sur un terrain boueux par des températures presque négatives, je me contenterai de me poser la question du pourquoi de cette désertion massive, de cet abandon des drapeaux, et j'y répondrai par une considération tautologique : le samedi matin succède au vendredi soir. Or, le vendredi soir, pour nos amis Freshers toujours aussi enthousiastes, n'est pas exactement le moment le plus reposant de la semaine.


La preuve de ma bonne volonté dans l'organisation de ce match...

Mais heureusement, mes activités sportives ne s'arrêtent pas à ce cuisant échec de G.O en herbe coupée sous le pied : grâce à un étudiant Erasmus espagnol de notre Hall, je me suis mis au squash, sport dont je dois reconnaître qu'il est fort agréable à jouer. Une fois comprises les règles élémentaires (tu tapes dans la balle avec la raquette contre le mur d'en face jusqu'à ce que ton adversaire n'arrive plus à la renvoyer), le jeu devient assez vite prenant et plutôt fin, tout en restant plus abordable que le tennis. Une Squash League a été organisée par le comité chargé de la vie étudiante dans le Hall, ce qui me permet de faire des mauvaises surprises en répondant à mes futurs adversaires qui me demandent si je sais jouer au squash : « à vrai dire, j'y ai joué pour la première fois de ma vie il y a une semaine et demi ». Mauvaise surprise, parce que je peux malencontreusement omettre le détail que j'ai quand même fait 10 ans de tennis, et que taper fort dans une balle avec une raquette, techniquement, je sais faire. Ça a conduit ledit Espagnol d'Erasmus à me dire, avec un grand sourire : « You've got the technique but you haven't got the idea... ». Pas faux. Bref, le squash, c'est vraiment génial, même s'il faut reconnaître que jouer au squash contre un étudiant sportif anglais, c'est un peu comme jouer à la pétanque contre un retraité provençal, ou au tir à la carabine contre un propriétaire texan : c'est un sport dans lequel les débats sont dès le départ assez déséquilibrés.


Le court de squash du Hall, et deux protagonistes débutants

En guise de conclusion, permettez-moi de vous raconter une anecdote totalement authentique dont je fus naguère (mardi dernier) le triste héros. J'insiste sur le fait qu'elle est authentique parce que c'est à peu près son seul intérêt... Je veux dire qu'il s'agit d'une anecdote relativement ennuyeuse, dont on pourrait à l'extrême rigueur tirer une morale dont l'utilité ne m'apparaît cepedant pas évidente. Enfin, bon... Donc, vers sept heures moins dix mardi matin, hurlement strident en provenance du sympathique dispositif harmonieusement installé au plafond dans toutes les chambres du Hall, et qui a pour nom « fire alarm ». Dans un élan d'optimisme, si ce n'est de lucidité pour une heure aussi matinale, je me dis qu'un huluberlu a décidé de tester à nouveau si on pouvait outrepasser l'interdiction de fumer à l'intérieur du bâtiment. Dans ces cas-là, l'alarme s'éteint d'elle-même au bout de quelques secondes. Donc, j'attends. Pas de bol, ça ne s'arrête pas. J'attrape donc un manteau que j'enfile par dessus mon pyjama, enfile mes pieds nus dans mes baskets, et me dirige vers la sortie. En chemin, je croise un certain nombre de corps en mouvement qui défient les lois de la science voulant que l'existence des morts-vivants se limite aux films d'horreur. Rassemblement, donc, dans les jardins de Cartwright Gardens, qui font face à notre Hall, tout le monde se demandant si l'administration a été assez sadique pour prévoir cet exercice (ils ont en tout cas tous l'air bien réveillés, eux), ou s'ils ont réellement cru à un risque d'incendie.


Parenthèse : il est 15h16 et je suis soufflé par mon sens de l'à-propos. J'en étais au milieu de la phrase précédente quand, et c'est tout aussi authentique que l'anecdote que je décrivais, l'alarme anti-incendie s'est déclenchée dans le Hall ! Ça ne s'invente pas ! Bon, point positif, elle s'est arrêtée après quelques secondes. Tout bouleversé que je suis par cette coïncidence improbable, mais n'y voyant nul signe du destin pour autant, j'en reviens à mes moutons.


Satanée elle...

Dehors dans Cartwright Gardens, nous nous demandions donc si les responsables du Hall auraient vraiment voulu nous faire risquer la pneumonie tôt un matin fin novembre. Devant l'aberration d'une telle proposition, nous nous contentons d'obéir, justement, en gentils moutons, et de suivre les conseils du responsable qui s'époumone en hurlant : « Move back from the gates ! Move back from the gates ! ». Je traduis : éloignez-vous des grilles une fois que vous avez pénétré à l'intérieur du jardin, parce que sinon vous vous accumulez juste à l'entrée et vous bloquez le passage pour ceux qui suivent. C'était tellement surréaliste que je n'ai pas pu m'empêcher d'en faire le titre de ce message. Bon, il y aussi une autre raison, purement machiavélique, qui est de me dire que a priori vous ne lâcherez pas la lecture de ce message tant que vous n'aurez pas l'explication de son titre mystérieux, et que donc il y a des chances que la majorité d'entre vous m'ait suivi jusqu'ici. Bref, nous commençons à nous dire qu'il y a sans doute eu une réelle alarme dans le Hall. Jusqu'à ce qu'un étudiant allemand, Erasmus également, en philosophie à la London School of Economics (LSE), ébranle nos certitudes par un question d'un bon sens élémentaire : « But if there is an actual fire... Where the hell are the firefighters ?!? ». Autrement dit, c'était juste un test. Et vous savez la meilleure ? C'est qu'alors même que nous n'avons pu réintégrer notre Hall que vers 7h25, que tout le monde est donc resté en dehors de sa chambre jusqu'à 7h30, et que le 'breakfast' est servi à partir de 8h00... eh bien il n'y avait pas plus de monde que d'habitude au petit-déjeuner ce jour-là...

Les derniers étudiants regagnant le Hall, sur le coup de 7h30 du matin

Sur ce, je me remets à des tâches plus studieuses que la rédaction d'un billet de blog, en attendant la séance de patinage organisée ce soir avec le groupe Erasmus du Hall à la patinoire de la Somerset House. Le week-end prochain : voyage à York, toujours avec des étudiants Erasmus, même si nous ne serons que 7. Je vous tiens quoi qu'il en soit au courant. Allez, atchao bonsoir !

jeudi 1 novembre 2007

Save Our Bacon

La transition du 'God Save the Queen' à ce nouveau message, au titre pour le moins déstabilisant, est certes un peu rude. Oui, mais 'Save our Bacon' ("Sauvons notre bacon"), accrochez-vous bien, c'est là la « une » du fameux tabloïd quotidien The Sun, pour le jeudi 1er novembre de l'an deux mil sept. L'astuce ? Quelle astuce ? Il n'y en a pas : le 'leading article' (l'article phare) de l'édition d'aujourd'hui concerne bel et bien les risques liés à la consommation excessive de cette viande de porc fumée et salée. Sans commentaires.

Le sujet de lecture de plus de 7 800 000 Britanniques ce matin

Admirez la transition parfaite vers mes breakfasts anglais dans ce pays de brutes, qui m'a valu une certaine admiration de la part d'étudiants pourtant plus britanniques que les Beatles eux-mêmes : « I'm impressed to see you eating so much at breakfast each and every morning... Well, as long as you're exercising daily, this is some sort of a 'healthy appetite'... ». Pour être exhaustif, ça donne : un bol de porridge (si !) avec du miel, une tranche de bacon, une tranche de pain de mie recouverte de fromage fondu, deux beignets de pomme de terre ('ahsbrowns'), des oeufs brouillés, un bol de céréales, parfois un simili-yaourt, et quelques verres de jus d'orange bien chimique... Eh oui, le tout le matin à 8h ! Très sincèrement, on me l'aurait dit en juin, je l'aurais pas cru, mais je m'y suis bien fait... Certes, les 'beans' (haricots blancs à la sauce tomate) et les saucisses n'ont toujours pas fait leur apparition dans mon assiette matinale. Mais quoi qu'il en soit, ça permet d'économiser sur le déjeuner, qui n'a vraiment pas besoin d'être copieux... surtout qu'on dîne à 18h ! Fin de la parenthèse culinaire.

Le petit déjeuner anglais typique, selon Google...
Mouais...
Il est où le porridge ? Petit joueur, va !

Début de la parenthèse socio-culturelle sur Camden Town, où nous avons fait une sortie dimanche dernier sous la pluie avec un groupe... de Français, aïe, "encore", je sais, mais je vous assure ils sont super cools. Après-midi très sympathique, dans un décor plutôt en décalage avec les quartiers huppés de Russell Square et du Strand... Bon, je vous l'accorde, ce n'est pas encore le bidonville, ça fait un peu « côté décalé à vendre », mais il faut bien reconnaître que ça a beaucoup de charme. Au programme : longue balade dans les rues qui regorgent de petites boutiques vendant des T-shirts, sacs à mains, mugs, et autres sucettes au cannabis (à la pomme, en fait, mais vous avez une jolie feuille sur l'emballage), du style punk au metal en passant par le simplement loufoque. En supplément, une profusion de petits stands de restauration asiatique, qui vous vendent une barquette bien remplie de poulet frit-nouilles/riz cantonais pour 3£ qui sont bien rentabilisées... En tout cas, une visite indispensable en cas de passage à Londres un week-end, pour l'achat de cadeaux décalés et puis tout simplement pour le plaisir des yeux. Fin du passage « guide touristique à deux balles ».

La rue principale de Camden Town, et ses
boutiques alignées... sous la flotte

On avait commencé ensemble sur le titre du quotidien populaire du matin, The Sun, on va donc finir ensemble (dans le meilleur des cas, c'est à dire si vous avez lu jusqu'ici) sur la une du quotidien du soir, le Evening Standard, que j'ai eu le bonheur de voir dans les stands à journaux au niveau d'Holborn en rentrant de King's College tout à l'heure : « Gerry McCann is returning to work ». Je traduis : le papa de la petite Maddie, disparue au Portugal il y a 6 mois, va retourner au boulot. Voilà ce qui fait les délices des lecteurs anglais, et la fortune des maisons de presse. L'auteur américain Gore Vidal a un jour dit : « Half of the American people have never read a newspaper. Half never voted for President. One hopes it is the same half. » En ce qui concerne les Anglais, ça se discute...

Sur ce, je rentre demain à Paris via l'Eurostar pour quelques jours, grâce à ma 'reading week'. En guise de cadeau d'adieu, je vous mets la photo promise du pub du Waterfront à King's College. À plus !

Le Waterfront - admirez la baie vitrée au fond,
même si on voit rien dehors

vendredi 19 octobre 2007

God Save the Queen

Vous êtes devant votre ordinateur et moi dedans, bonjour. Le soleil d'automne est revenu sur la capitale britannique, serré de près par son meilleur garde du corps : une température nettement plus fraîche que d'habitude. Toujours est-il que le grand ciel bleu fait plaisir à voir. On accepte d'autant mieux le froid que, ô joie, nos pommeaux de douche ont fait une réapparition aussi soudaine qu'appréciée dans nos salles de bains de Canterbury Hall.


La vue ensoleillée depuis ma chambre sur Cartwright Gardens

Je commence par là où j'en avais fini : la Coupe du Monde de rugby, et donc la triste élimination de la France par Johnny Wilki... je m'égare, je voulais bien entendu dire « par l'Angleterre ». Par commodité, ou par superstition, ou par un peu des deux, nous sommes retournés avec des camarades français dans le même pub – bourré à craquer – que celui dans lequel nous avions assisté au triomphe des Bleus sur les All Blacks. Hélas, ce ne fut – je ne vous apprends sans doute pas grand chose – pas le même résultat, malgré notre acharnement à nous faire entendre. Si le pub « Roundhouse » serait facilement passé pour français lors du match contre la Nouvelle-Zélande, le public anglais s'est bizarrement montré nettement moins coopératif samedi dernier.



Y aurait-il deux écrans dans ce pub ? On ne peut rien vous cacher...

Malgré tout, on nous a laissé chanter la Marseillaise (un peu chahutée, mais sans plus), taquiné tout au long du match avec un peu de finesse (« Who is this player 'Allez' ? He seems to be very good... »), et un peu charrié sur la fin. Au coup de sifflet final, explosion de joie et pluie de bière (véridique) dans le pub, avant quelques scènes de jubilation « populaire » – modérées – dans les rues de Leicester Square. Tous comptes faits, il vallait sans doute mieux se trouver à Londres qu'à Paris, pour subir certes quelques railleries le lendemain matin au brunch, mais sans l'atmosphère de deuil national et d'aigreur anti-Laporte qui a dû saisir la Ville Lumière à la fin du match. Dans l'immédiat, une préoccupation majeure : apprendre le « God Save the Queen », hymne aussi démocratique que « La Marseillaise » n'est pacifique, en vue de la finale de demain soir contre l'Afrique du Sud. Pour le reste, il suffit de rester beau joueur et de ravaler sa déception pour ne pas trop mal passer ici à Londres : Bravo aux Anglais, donc. Et allez eux contre les Boks. On notera tout de même l'absence de point d'exclamation...


Je me permets de donner certaines proportions de nationalités en ce qui concerne le public du Roundhouse de samedi : entre 12 et 15 Français pour sans doute au moins 150 Anglais. Et malgré tout, on se faisait – bien – entendre, à défaut de se faire bien voir. Amusante conséquence de cette débauche de décibels de ma part pendant le match : je me suis retrouvé totalement aphone dimanche, dans une mesure que je n'avais jusqu'ici jamais vue ailleurs que dans les bandes dessinées d'Achille Talon, où l'aphonie des protagonistes un gag récurrent. Malgré mes efforts les plus violents, je ne parvenais à émettre, au mieux, que le bruit d'un parquet Ikea qui grince. Je pouvais encore chuchoter, mais vous conviendrez que dans un dining hall regroupant 200 étudiants qui ont tout leur week-end à se raconter, c'est un peu limité. Après une économie de ma voix ainsi qu'une consommation intensive de miel au cours des derniers jours, tout va mieux. Ouf.


Retour express sur la météo : il fait certes beau depuis quelques jours, mais il arrive que certains matins, sur les coups de 9 heures du matin, il pleuve. Remarque en soi dépourvue du moindre intérêt (vous voyez, j'en suis un peu conscient quand même), mais qui pourraient en intéresser certains. Je vous fais ici part d'un phénomène assez intéressant, qui me fascine quand je passe par Aldwych pour me rendre vers le Strand et King's College London : je contourne la « House of India » (l'ambassade, en fait), le long de laquelle s'alignent conscienceusment, jour après jour, des centaines d'anonymes voulant faire leur demande de visa. On en viendrait presque à noter les records de longueur de cette file d'attente quotidienne, qui atteint parfois près du tiers de la longueur totale d'Aldwych. Et pour ceux-là, la question de savoir s'il va pleuvoir ou non sur les coups de 9 heures du matin n'est pas totalement dépourvue d'intérêt...



Le début de cette file d'attente, que vous devinez bifurquer dans la ruelle sur la gauche

Scène kafakïenne dans un décor kafkaïen, la tête de la queue (je l'avoue : je fais fort) se situant au niveau d'un bâtiment en travaux présentant une façade un peu chelou et assez flippante, comme emmêlée dans un piège d'acier. Vous admirerez le décalage de niveau de langage...


Ledit bâtiment kafkaïanesque

Fin de la parenthèse pseudo-littéraire, et véritablement légère sur ses pauvres gens qui se retrouvent à attendre 2 heures dans la rue pour d'obscures demandes de visa indien. J'espère pour eux que ce ne sont pas les mêmes matin après matin...


Une fois dépassée la file d'attente d'Aldwych, j'arrive rapidement dans le Strand Campus de King's College London, pour suivre mes cours inégalement passionnants.


La 'Strand Entrance' de KCL

L'architecte pour le moins original du bâtiment a eu la lumineuse idée de le construire tout en hauteur, et vous pouvez donc avoir à monter jusqu'au 7ème étage pour assister à un cours de The EU Integration, par exemple. Soit dit en passant, l'administration de King's College elle-même vous déconseille de prendre ses propres ascenseurs.


"The central lifts are close to the end of their operational life
and are currently prone to breakdowns"...

Voilà qui insipire confiance. Mais comme il y a une justice sur terre, cela vaut la peine de monter jusqu'au sommet du bâtiment, à l'étage des War Studies : la vue depuis les fenêtres de ce doux département est assez remarquable, même si elle n'égale pas celle du Waterfront, le pub-cafèt' de KCL, dont je vous ferai profiter une autre fois sans doute.


'London Eye' et 'House of Parliament' depuis le 7ème étage

Sur ce, fin de ce message qui a mis un peu de temps à venir. Mais c'est comme pour « Les Guignols de l'Info » : je pense ça vaut parfois la peine d'attendre la fin de la semaine pour tout regarder d'un coup dans « La Semaine des Guignols », c'est plus consistant et plus pratique que si vous le regardez au compte-goutte. Maintenant, vous pouvez éteindre l'ordinateur et reprendre une activité normale. Allez atchao bon week-end !

lundi 8 octobre 2007

Paint It Blue

Début de ma troisième semaine de cours à King's College London, avec moult non-aventures à raconter, ayant pris un peu de retard dans la mise à jour de ce blog.

Première non-péripétie : les bains glacés ont finalement eu raison de ma bonne volonté, puisque j'ai pris un tantinet froid la semaine dernière. Je suis encore en vie, contrairement aux apparences, mais ça nous remonterait presque contre l'administration de la University of London, d'autant plus que nous n'avons toujours pas récupéré nos fameux pommeaux de douche... Une étudiante du Hall a astucieusement suggéré que nous exigions au minimum une compensation, voire un remboursement, sur la semaine passée sans eau chaude, ce qui, comme chacun peut s'en douter, fut médiocrement cool. Affaire à suivre.


Le pommeau de la discorde, ou plutôt : son absence.


Deuxième non-événement : les cours que j'étudie dans cette brillante université londonienne ne sont pas des plus passionnants. Manière délicate de dire que pour le moment, sur mes 4 enseignements du semestre, 1 seul est convaincant, 1 est sérieux et plutôt intéressant, et les deux derniers présentent des ressemblances certaines avec un Dictionnaire des Idées Reçues spécialisé sur l'Europe, seulement pas fait exprès. La référence à une réécriture spécialisée de Flaubert est sans doute une very private joke, à moins que l'éditeur Bertrand Lacoste ne se soit amusé à revoir à la baisse les chiffres de vente. Tu n'as rien compris à la phrase qui précède ? C'est normal, mais ne t'en fais pas, très peu ont dû saisir la subtilité de la chose. Si tu te sens une âme de Sherlock Holmes, cherche sur internet à quoi je peux bien faire référence. Mais après tout, c'est moi le plus proche de Baker Street, donc tu peux si tu le souhaites passer au paragraphe suivant. Vive Mad Magazine. Nouvelle private joke, sincèrement désolé pour le grand public.


Pour montrer une image : le mur "photos" de ma chambre

Troisième non-aventure de la semaine : un samedi après-midi passé à jouer au football dans Regent's Park avec des ... Kazakhs. Voilà, ce n'est pas passionnant en soi, mais c'est suffisamment rare pour être remarqué, non ? Mais il y a sans doute une explication logique à tout ça : l'Angleterre jouait à 14h, heure locale, contre l'Australie en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby...

Ce qui nous mène donc tout droit au 4ème non-... eh non ! Au premier et dernier événement de la semaine écoulée, soit le match France/Nouvelle-Zélande de rugby, qui est, comme les plus sagaces d'entre vous l'ont évidemment compris (exemple de « captatio bene volantiae » pour pas cher :P), le pourquoi du comment du titre de ce message (habile référence qui ne devrait cette fois-ci pas être une private joke...). « Événement », oui, et premier grand moment de ce séjour à Londres : le visionnage (si c'est pas joli comme mot) du quart de finale dans un pub pas loin de Leicester Square, entouré d'une bande de camarades, sciences-pistes ou pas, mais tous français. Ça commence plutôt mal, avec un barman pas fichu de faire marcher le son. On se contente donc de lire la Marseillaise sur les lèvres de joueurs au lieu de la chanter (on se rattrapera plus tard dans la soirée...), et d'applaudir à tout rompre quand les joueurs du XV de France défie le Haka néo-zélandais, les yeux dans les yeux, plantés sur la ligne médiane, à un mètre des All Blacks, en gris pour l'occasion.



Comment impressioner les All-Blacks ?
"Y'a qu'à" les "mater" du regard... ^^
Attention, boutade !

S'il y avait encore des Anglais sceptiques dans le pub, cet épisode a dû les retourner, puisque tout au long du match c'est la quasi-totalité de l'assistance qui encourage – à distance, certes, mais pas si loin que ça car le match était à Cardiff – les Français. Une autre explication possible de ce soutien anglais aux Bleus est peut-être que nos voisins d'outre-manche jugeaient préférables de ne pas affronter la Nouvelle-Zélande en demi-finale... Bref, la première période démarre, le son se met même en route, mais le match est difficile, et on sent la désillusion plomber l'ambiance quand les Blacks mènent 13-0. Les premiers points français, acquis dans les arrêts de jeu de la première mi-temps, soulèvent des hourras, quand même.

La deuxième mi-temps déchaîne l'enthousiasme de la petite foule massée dans le pub, et la suite des événements révèle la forte présence française dans le pub, à moins que les sujets de Sa Majesté n'aient suivi des cours de rattrapage de chant sur « La Marseillaise », reprise en coeur à trois reprises, après chacun des deux essais français puis au coup de sifflet final. Au final, hystérie générale où les mines déconfites des rares supporters néo-zélandais côtoient les sourires poliment amusés des Anglais francophiles et les hurlements frénétiques des supporters du XV de France. Petite note patriotique british : après avoir encouragé les Bleus pendant tous le match, et poliment applaudi l'hymne français au coup de sifflet final, quelques Anglais du pub entonnent le non moins fameux « God Save The Queen », histoire de rappeler, si besoin est, que la demi-finale opposera donc la France à l'Angleterre... On attend la suite avec impatience ! (N'y aurait-il pas dans cette exclamation finale une pointe d'autodérision quant à l'enthousiasme suscité chez ses lecteurs par ce blog ? Allez savoir... ;)

lundi 1 octobre 2007

Settling down

Ici Londres, pour changer. Il pleut, pour changer. Et je suis sur l'ordi (« pour changer », rajouteront les mauvais esprit) pour vous faire part de mes derniers jours à King's College et Canterbury Hall.


Pour faire simple, on commence à rentrer dans une forme de routine ici. La première semaine de cours fut littéralement épique, avec un strict minimum de 10 minutes passées au début de chaque séance pour trouver la salle qui nous était attribuée. Le summum a été atteint dans mon cours « Democracy and Democratisation » du mercredi matin. Comme dirait Desproges, « je ne résiste pas au plaisir de vous en faire profiter »... Nous avions donc une heure de cours ce matin-là de 10 à 11h dans la désormais fameuse salle K1.47, selon l'emploi du temps fourni par le French Department. Petite tentative de décryptage : « K » renvoie à « King's », jusqu'ici c'est plutôt normal. 1 ? ça doit sûrement être au premier étage. Petit problème : il n'existe pas de salle 47 au 1er étage du bâtiment principal. La K1.46, oui, la K1.48, OK, mais la K1.47 : n'existe pas. Nothing. Nichts. Nada. Surtout « nada », en fait, parce que la K1.47 est un bureau d'un prof d'espagnol. Bref, amusant remake du « 12, Grimmauld Place » de Harry Potter. Avis de recherche : on a perdu une salle. Après consultation de la réception, on vous envoie vérifier si ce n'est pas finalement en K-1.47. Mais non, la salle K-1.47 (du 1er sous-sol) s'appelle « Physics Research Office ». Autrement dire que c'est pas gagné. C'est ensuite que vient l'illumination, que nous souffle un appariteur de KCL : la salle se trouve dans un autre bâtiment, le Chesham building. Ouf, soulagement. Seulement voilà, personne ne sait où se trouve ledit Chesham building, ni comment y accéder. Après 5 minutes d'errance à travers les couloirs, toujours rien. Ça devient plus grave : ce n'est plus une salle qu'on a perdu, c'est un bâtiment tout entier. Heureusement, nous trouvons un nouvel appariteur qui se propose de nous guider vers ce bâtiment, et après mains escaliers, nous voilà arrivés dans une salle quelque part entre le rez-de-chaussée et la lithosphère de cette si belle planète. End of the story.


Malgré les quelques cafouillages initiaux, mon emploi du temps est désormais réglé : Shadows of Enlightenment de 10 à 11h le lundi ; The European Union Integration de 9 à 10h et de 16 à 17h le mardi ('lecture' + 'tutorial', soit cours magistral + TD/conf) ; Shadows of Enlightenment encore de 9 à 10 le mercredi ; Democracy and Democratisation de 10 à 11h et de 12 à 13h ; et enfin Intelligence in War de 10h à midi le vendredi. J'ai cours tous les jours de la semaine, ce qui est en soi un petit exploit (dont je me serais certes passé) puisque je n'ai que... 8h de cours par semaine (j'ai pourtant pris le maximum de 60 crédits ECTS que nous autorisait King's). à part ça ? Des centaines de pages à lire sur des textes tordus chaque semaine, mais comme les Anglais semblent avoir beaucoup de mal à assimiler leurs lectures on ne passe pas pour les derniers des imbéciles si 1 ou 2 points nous ont échappé.


Maintenant, le Hall : ça devient évidemment plus amusant quand on commence à connaître du monde, et de ce point de vue-là ça progresse. Pas mal d'Anglais « Freshers », donc, mais aussi des « graduate » avec 3 ans d'études déjà derrière eux, et un certain nombre d'étudiants internationaux, vers lesquels nous sommes spontanément plus poussés. Pêle-mêle : des Espagnols, un Allemand, une Italienne, un Suédois, un Néerlandais, un Belge, une Roumaine, deux Singapouriens, une Californienne, une Australienne, et j'en passe. Il n'empêche que la diversité est fort sympathique, et que les indigènes (pauvres Anglais, s'ils savaient que je les appelle comme ça, eux les anciens détenteurs du plus grand empire colonial... :P) l'acceptent plutôt bien.


En tout cas, tout ce petit monde-là est mis sur un pied d'égalité depuis quelques jours : cela fait 1 semaine que l'on nous a retiré nos pommeaux de douche (pour des opérations de maintenance, paraît-il, perfect timing as usual) et que nous ne pouvons plus prendre que des bains. Vous allez me dire : c'est un peu agaçant, mais ça va. Oui, ça va. Enfin, ça allait. Parce que depuis vendredi et le passage de techniciens dans des canalisations avoisinantes, cela fait 4 jours que nous n'avons plus d'eau chaude. La bonne blague... Donc maintenant, on prend des bains 'freezing cold'. C'est super drôle une fois, et puis étrangement ça finit par l'être de moins en moins. On s'en sort, en général, mais le nombre d'étudiants malades dans le Hall est exponentiel (vieille réminiscence de cours de maths de Terminale ^^), et n'est pas dû qu'à l'épidémie de « Freshers' flu » (évidemment, cette maladie n'est pas très académique, je vous laisserai deviner en quel sens l'enthousiasme des Freshers peut se transformer en vecteur d'épidémie...) Je crois que j'ai trouvé la parade : je vais aller m'inscrire cet après-midi à la salle de sport de la University of London Union, ce que je comptais de toute façon faire un jour ou l'autre.


Sinon, la grosse déception, c'est que je ne vais pas m'inscrire au foot à King's, pour pas mal de raison. D'abord parce que j'ai raté la « Freshers' Fair » et par là-même l'occasion de m'inscrire officiellement, ensuite parce que j'ai déjà manqué les 2 premiers entraînement, et enfin parce que le terrain du fameux entraînement se trouve en banlieue éloignée, et qu'il faut prendre l'équivalent du RER local à partir de Waterloo. Or, j'ai décidé que je ne prenais pas d'abonnement pour les transports, me contentant de pay-as-you-go et de mes pattes, et qu'à 3£ le trajet ça revenait un chouia cher. Et puis je suis médiocrement chaud pour prendre une carte à 120£ par mois alors que je ne l'aurais utilisée que pour aller à l'entraînement une à deux fois par semaine. Bref, pour la baballe, on se contentera pour l'instant des inconnus qui prolifèrent autour des multiples terrains de foot de Regent's Park, en s'incrustant sans trop de difficultés.


Sur ce, je retourne à mes cours que je dois déjà commencer un minimum à préparer. La pluie tombe toujours ; ici Londres, à vous Paris (ou ailleurs, n'est-ce pas camarades de Pipo ? ;)

lundi 24 septembre 2007

Getting started, or sort of...

Last update au soir de ma première « journée » de cours à King's College London.

Dimanche marqué par l'arrivée en masse des étudiants de la University College London (UCL), qui ont transformé le 'dining hall' jusque là convivial en masse grouillante à l'heure du dîner, même si le nombre d'étudiants debout à 8h pour le breakfast n'a pas à proprement parler explosé...


Lundi : début des cours, et découverte par l'expérience des subtilités de l'enseignement secondaire britannique. Faisant partie des sciences-pistes privilégiés ayant eu l'immense honneur de recevoir effectivement les infos que King's tentait de nous faire parvenir par mail (certes, parfois indirectement), j'ai donc pu émettre dès le mois de juillet des voeux de cours pour l'année 2007-2008, et ce à partir d'une liste préalablement fournie par l'administration. Une fois arrivé sur place, je découvre que nous avons été affectés à des cours, je me procure le document en question, et constate que j'ai eu tous mes premiers choix. Première bonne nouvelle.


Puis, je consulte les emplois du temps des cours dans lesquels je suis inscrit. Première mauvaise nouvelle. Il faut le voir pour le croire, mais le staff de King's a eu l'ingénieuse idée de placer 3 des cours que j'avais choisi pour le premier semestre (sur 4) le lundi matin à partir de 10h. C'est chouette, mais ça pose un problème assez insoluble : je risque d'avoir du mal à me diviser en trois le lundi de 10 à 11 pour suivre les cours en question. J'avais compris que la 1ère semaine semaine de cours à King's était pour tous les étudiants le foutoir institutionnalisé, mais là, tout de même... Explication : étant étudiant en échange, je peux prendre des cours de différentes années (1st, 2nd et final year) au sein d'un même département, et en plus j'avais choisi des cours dans deux départements différents (French Department et War Studies Departement). Les Anglais tenant en horreur toute forme de centralisme, les départements sont totalement indépendants, et c'est donc à l'étudiant de s'assurer qu'il n'a pas de conflit horaire dans son emploi du temps. Je ne me permettrais pas la proposition, sans doute saugrenue, que ce genre de vérification serait peut-être plus facile à effectuer si on mettait les horaires des cours à la disposition de l'étudiant avant le début de la 1ère semaine d'enseignement. J'ai rendez-vous avec ma 'personal tutor' demain matin pour arranger tout ça.


Ce matin, je me suis donc allègrement rendu, à pieds et sous la pluie (ça alors...), à KCL et plus précisément en salle 332.


Au passage, je fais une longue parenthèse sur les noms des salles de classe de King's, qui semblent tirés tout droit de l'univers d'Harry Potter et son quai 9 ¾ : ainsi, nous avons reçu un mail nous indiquant que notre première réunion d'information aurait lieu « in room 17B (also known as K1.28) ». Allez savoir pourquoi, mais la pensée que même les salles de cours se mettent à avoir des pseudos n'est pas des plus rassurantes. Bref, je me rendrai vendredi en salle FWB 1.70 (F-double-U-B-dot-seventy) pour mon premier cours de Intelligence in War Studies, et j'en viens presque à me demander si ce n'est pas un gag d'une administration facétieuse sur le langage codé utilisé par les espions. Fin de la parenthèse.


Je reviens à ma room 332 (troisième étage, comme quoi il y a parfois un semblant de logique), et donc à mon cours de Shadows of Enlightenment de 10 à 11h. Première impression positive : des étudiants de 'final year' (4 année) apparemment intéressés, un prof jeune et dynamique, un programme de cours accrocheur. En jetant un oeil sur les polycopiés que nous distribue l'enseignant pour la semaine prochaine, je me dis que j'ai bien fait de ne pas choisir de cours dans les départements allemand et espagnol (le département anglais nous étant inaccessible, autre originalité du système) : il y a, entre autres, parmi les textes à lire pour mercredi prochain (soit après-demain), un texte de 20 pages de Michel Foucault... en français ! J'attends de voir ce que mes camarades anglais vont bien pouvoir en tirer, parce que je m'imagine par exemple mal lire Kant en allemand.


En guise de conclusion, je vous fais tout de même profiter de quelques illustrations de l'aspect un tantinet sécuritaire de la ville de Londres... J'en ai pas mal d'autres en stock, mais je me contente pour le moment de celles-ci. Enjoy.



Parfait exemple de la règle, universelle ici, selon laquelle :
when you look younger than 21,
you'll have to prove that you are older than 18,
so we are REALLY sure that you're not underage...


Distribué par Canterbury Hall à tous les étudiants :
"Sudent Survival Guide (because it's a jungle out there)".



La jungle en question (?) : Russell Square,
à 3 minutes à pied de Canterbury Hall



No comment...


"If you see...
or hear anything suspicious...
tell the staff or the police immediately
- TRUST YOUR SENSES - ".
At least there's something you can trust...

mercredi 19 septembre 2007

Fresh French news

Après une pause de quelques jours, reprise du blog. Au programme : mon installation dans Canterbury Hall, et ma découverte de la tradition de la (ou « des ») Freshers' Week(s).


Le début de cette semaine a été marqué par l'arrivée de nouveaux visages, notamment de camarades sciences-pistes à Londres. Arrivée aussi, donc, et ça c'est quelque chose, des neo-1ère années des diverses universités britanniques, les 'Freshers'. Je ne sais pas d'où vient ce surnom, mais ils représentent une catégorie à part, avec une tradition inébranlable, à laquelle se plient apparemment tous les individus concernés : quand on sort du lycée, il est temps de s'éclater. La KCL Students' Union (KCLSU) distribue des plannings de soirée Freshers, au rythme de 2 par soir, sur des campus différents. Les efforts désespérés du gouvernement britannique pour maintenir un semblant de bonne tenue dans tout ça sont dérisoires par rapport à l'étiquette des Freshers : venant dans la plupart des cas d'avoir 18 ans, et sortant en majorité des bons lycées privés où règnait la discipline la plus stricte, ils se lancent la tête la première dans les beuveries diverses, le plus souvent de bières, dont ils ressortent rarement... « frais », justement. Ceci tous les soirs pendant deux semaines. Une fois les soirées terminées, aux alentours de 23h-minuit (on ne se moque pas...), ils se réunissent en groupe dans les chambres des logements étudiants pour des drinking squats où le but semble d'achever les survivants, et d'anéantir les espoirs de sommeil des 'senior students' voisins, qui tentent en vain de rétablir un semblant de calme. Peine perdue, car à partir de 1h du matin, on entre dans la phase « activités innovatrices », du genre course-poursuite dans les escaliers. Mais loin de se limiter aux banales batailles de polochons, les Freshers débordent (aussi) d'imagination. Je cite ici l'anecdote d'un camarade de Sciences-Po de Great Dover Street, ayant assisté successivement il y a quelques jours de cela à une bataille d'extincteurs, puis à une audacieuse entreprise de transformation des canalisations d'eau de l'étage en machine à café géante. Si, c'est possible, en mettant du café en poudre directement dans les canalisations. Ça ne s'invente pas. Inutile de préciser que le lendemain matin au petit-déjeuner, il n'y a pour ainsi dire aucun Fresher debout à 8h pour le breakfast commun... Bref : Tradition, quand tu nous tiens ! À ce sujet (aussi), nos amis d'outre-Manche se révèlent donc assez conservateurs. Point positif à souligner : ces Freshers étant à peu près tous également paumés à leur arrivée dans le Hall, tout le monde fait vraiment des efforts pour aller vers l'autre et apprendre à le connaître un minimum. Le 'socialising' est intense à l'heure des repas, et témoigne d'une spontanéité qui reste limitée en France.


Pour les repas justement, il faut bien reconnaître des vertus aux coutumes british : pour peu qu'on y mette un minimum de bonne volonté, les breakfast que vous avalez en 45 minutes à 8 heures le matin sont bien assez pour tenir sans problème jusqu'à 13h. Un repas léger suffit ensuite pour survivre sans encombre jusqu'à 18h, l'heure du ... dîner. Comme quoi, le thé à 17h est un cliché des plus mensongers. Mais il faut bien dire qu'on s'habitue vite au rythme local, et qu'à 17h30 on commence à attendre le repas, de la même façon qu'on commence à se sentir 'exhausted' à 22h, même si ça fait un peu bizarre comme ça... La nourriture du Hall étant à peu près 'fresh' et 'edible', on s'en contente.


Enfin, petit point sur ma première réunion à King's, où notre 'Tutor', membre de l'administration chargée de notre accueil à King's, s'avère jeune, souriante, et dynamique, se moquant gentiment d'un étudiant lui demandant où se trouve la bibliothèque : 'Why the hell would you already want to go to the library ? Your classes haven't even started ! Can't you think of something including more fun to do in London right now ?' La seconde réunion d'information, dans l'après-midi de mardi, est elle nettement plus pesante, avec notamment des gentils 'bobbies' venant nous expliquer à quel point Londres est une ville du Tiers-Monde traversée de coupe-gorges et hantée par des criminels plus inventifs les uns que les autres sur les moyens par lesquels ils vont vous délester de votre argent, si ce n'est de votre vie, ou pire... ^^ Je caricature, certes. Disons juste que j'aurais résumé la série d'avertissement en une phrase : 'London is a big city'. Je reviendrai plus tard sur la quasi-omniprésence de consignes de sécurité à Londres, c'est quelque chose qui m'a vraiment marqué.


Dans l'immédiat, la fin de la semaine sera donc consacrée aux formalités administratives, notamment avec le parcours du combattant du 'enrolment' de vendredi. Vendredi sera aussi le moment où je risque à nouveau de me faire charrier si les Bleus perdent contre l'Irlande pour la coupe du monde de rugby. Il faut bien dire que je remercie le XV sud-africain d'avoir passé 36-0 à l'Angleterre quelques jours plus tard: allez savoir pourquoi, les moqueries sur la défaite de la France en match d'ouverture contre l'Argentine se sont arrêtées du jour au lendemain... Long live the Springboks ! :p


J'attends la suite, et de vos nouvelles, avec impatience.

dimanche 16 septembre 2007

Arrival at CH

Bonjour, nous sommes le dimanche 16 septembre et il est 10h du matin heure indigène. J'ai passé ma première nuit dans ma chambre du Canterbury Hall (CH), et je remonte de mon petit déjeuner, pris avec Costi, un Grec étudiant en Allemagne (et donc en « exchange program » comme moi), et un vrai British de la campagne, James, tous deux étudiants à King's College London (KCL). Le Hall se remplit lentement mais sûrement, j'ai en fait été l'un des tous premiers à arriver, vers 16h le 15 septembre.

Première impression très positive : après quelques détours dans le quartier pour finalement trouver CH, je tombe avec Cyril (qui m'aide allègrement à porter mes valises) sur un bâtiment qui fait propre, et vide. À l'accueil, je suis rapidement pris en charge par Femi, un réceptionniste très sympathique, qui ne me trouve pas sur la liste des arrivées prévues ce week-end (gloups) mais, voyant que je suis inscrit sur les registres de l'année, me donne la clé de la 116 (prononcez « one-one-six ») pour voir si la chambre est prête pour moi. Je monte, tout est prêt pour que je m'installe, donc je redescends à l'accueil où Femi me dit que je n'ai qu'à m'installer, même si je n'ai pour le moment pas mon ID du Hall, normalement indispensable pour rentrer dans le bâtiment, prendre les repas, etc. Pour l'instant, je me passe des formalités.


La chambre n'est pas gigantesque, mais ça reste plus que correct : 10m², un lit convenable, un grand bureau avec fauteuil, une grande armoire, une table basse, un autre espace de rangement en bois, le tout sur une moquette vert sombre. Une grande fenêtre donnant sur la rue (très peu passante) mais aussi et surtout sur Cartwright Gardens et ses courts de tennis. Même au 1er étage, ça reste très calme et agréable, je vis les fenêtres ouvertes. Salle de bains sur le palier, que je partage avec mon « co-bath » non-identifié pour le moment (pas encore arrivé), avec baignoire (!) et rideau de douche (ouf), toilettes et lavabo. Ça fait plutôt neuf et propre, c'est un bon début.


Seul hic au début : la connexion internet ne marchait pas, d'où un décalage entre le moment d'écriture du message « D-Day » et le moment où je l'ai posté, et mon absence de réponse à vos mails. Voilà qui est réparé, God Bless the Queen, King and the English !


The (temporary) end.