dimanche 25 novembre 2007

Move back from the gates !

Vous croyez toujours ce qu'on vous dit sur les blogs, bonjour. Après un long silence dans cette page Radio Londres, reprise du bulletin d'information en continu sur ma passionnante vie d'étudiant Erasmus à Londres. De retour dans la capitale britannique après quelques jours passés à Paris durant ma reading week, me voilà fin prêt à vous raconter mes délirantes activités de ces derniers jours – oui, il y aurait comme un soupçon d'autodérision dans l'emploi de l'adjectif « délirant ». Au programme : les ratés dans ma jeune carrière de G.O du Club Med, le début d'une carrière plus prometteuse dans un autre registre, et un petit fait divers de la vie de Hall.
Non-breaking news, live from Canterbury Hall

Alors, ma carrière de Gentil Organisateur... Non, ne riez pas, G.O, ça peut être une excellente rampe de lancement vers la gloire: regardez Nicolas Canteloup... Malheureusement, il ne suffit pas toujours d'être motivé, il faut quand même avoir aussi du talent à la base. Or le talent, particulièrement dans le domaine concerné, ce n'est pas vraiment ce qui me caractérise. Comme les plus sagaces d'entre vous l'auront déjà deviné, je parle de donc de football. Conclusion limpide de ce syllogisme intérieur : je ne connaîtrai sans doute jamais la gloire footballistique. Certes, ce n'est pas à proprement parler un scoop. Bref, je m'égare. Je disais donc que je m'étais senti pousser, à défaut d'ailes, des manches de survêt' Club Med (c'est assez désagréable comme sensation) en essayant d'organiser un match de football sur grand terrain, à onze contre onze, entre mon Hall et le Hall d'un camarade sciences-piste, distant d'à peine quelques yards. Pour être plus précis, il m'a dit lundi qu'il avait de son côté des gars motivés, et m'a donc demandé de former une équipe de mon côté pour jouer ensemble samedi, soit hier. Après maintes pérégrinations et autres allées et venues dans le Dining Hall à l'heure des repas, j'ai fini vendredi soir par obtenir tant bien que mal l'accord d'une douzaine de personnes pour jouer le lendemain à 14h00 à Regent's Park contre Connaught Hall. Le lendemain 13h30, heure du rendez-vous fixé, dans la réception du Hall, mauvaise surprise : sur les 12 nommés, 10 manquent à l'appel. Répondent présents seuls l'Américain Nate et l'Anglais Wai Ho, à qui je rends hommage dans ce message pour leur firmitate et constantia et caetera. L'ami français de Connaught Hall me rassure en me disant que de toute façon ils sont beaucoup trop nombreux de leur côté, et qu'ils pourront nous passer des joueurs. Résultat : pendant le match, la « Canterbury Hall Team » réunit, donc, 3 vrais résidents de Canterbury Hall (je m'inclus), deux amis français en stage à Londres, et l'ami de Connaught qui décide de jouer avec nous... ainsi qu'avec 5 autres volontaires de Connaught Hall, qui acceptent de jouer pour l'ennemi. 3 + 2 + 1 + 5, ça fait 11, on est parti. 2 heures plus tard, triomphe pour la Canterbury Hall Football Team, qui s'impose 3 buts à 0, avec malgré tout une singulière particularité : aucun résident de Canterbury n'a marqué. No comment. Au lieu de me lancer dans une analyse, qui serait à n'en pas douter passionnante, de ce match joué sur un terrain boueux par des températures presque négatives, je me contenterai de me poser la question du pourquoi de cette désertion massive, de cet abandon des drapeaux, et j'y répondrai par une considération tautologique : le samedi matin succède au vendredi soir. Or, le vendredi soir, pour nos amis Freshers toujours aussi enthousiastes, n'est pas exactement le moment le plus reposant de la semaine.


La preuve de ma bonne volonté dans l'organisation de ce match...

Mais heureusement, mes activités sportives ne s'arrêtent pas à ce cuisant échec de G.O en herbe coupée sous le pied : grâce à un étudiant Erasmus espagnol de notre Hall, je me suis mis au squash, sport dont je dois reconnaître qu'il est fort agréable à jouer. Une fois comprises les règles élémentaires (tu tapes dans la balle avec la raquette contre le mur d'en face jusqu'à ce que ton adversaire n'arrive plus à la renvoyer), le jeu devient assez vite prenant et plutôt fin, tout en restant plus abordable que le tennis. Une Squash League a été organisée par le comité chargé de la vie étudiante dans le Hall, ce qui me permet de faire des mauvaises surprises en répondant à mes futurs adversaires qui me demandent si je sais jouer au squash : « à vrai dire, j'y ai joué pour la première fois de ma vie il y a une semaine et demi ». Mauvaise surprise, parce que je peux malencontreusement omettre le détail que j'ai quand même fait 10 ans de tennis, et que taper fort dans une balle avec une raquette, techniquement, je sais faire. Ça a conduit ledit Espagnol d'Erasmus à me dire, avec un grand sourire : « You've got the technique but you haven't got the idea... ». Pas faux. Bref, le squash, c'est vraiment génial, même s'il faut reconnaître que jouer au squash contre un étudiant sportif anglais, c'est un peu comme jouer à la pétanque contre un retraité provençal, ou au tir à la carabine contre un propriétaire texan : c'est un sport dans lequel les débats sont dès le départ assez déséquilibrés.


Le court de squash du Hall, et deux protagonistes débutants

En guise de conclusion, permettez-moi de vous raconter une anecdote totalement authentique dont je fus naguère (mardi dernier) le triste héros. J'insiste sur le fait qu'elle est authentique parce que c'est à peu près son seul intérêt... Je veux dire qu'il s'agit d'une anecdote relativement ennuyeuse, dont on pourrait à l'extrême rigueur tirer une morale dont l'utilité ne m'apparaît cepedant pas évidente. Enfin, bon... Donc, vers sept heures moins dix mardi matin, hurlement strident en provenance du sympathique dispositif harmonieusement installé au plafond dans toutes les chambres du Hall, et qui a pour nom « fire alarm ». Dans un élan d'optimisme, si ce n'est de lucidité pour une heure aussi matinale, je me dis qu'un huluberlu a décidé de tester à nouveau si on pouvait outrepasser l'interdiction de fumer à l'intérieur du bâtiment. Dans ces cas-là, l'alarme s'éteint d'elle-même au bout de quelques secondes. Donc, j'attends. Pas de bol, ça ne s'arrête pas. J'attrape donc un manteau que j'enfile par dessus mon pyjama, enfile mes pieds nus dans mes baskets, et me dirige vers la sortie. En chemin, je croise un certain nombre de corps en mouvement qui défient les lois de la science voulant que l'existence des morts-vivants se limite aux films d'horreur. Rassemblement, donc, dans les jardins de Cartwright Gardens, qui font face à notre Hall, tout le monde se demandant si l'administration a été assez sadique pour prévoir cet exercice (ils ont en tout cas tous l'air bien réveillés, eux), ou s'ils ont réellement cru à un risque d'incendie.


Parenthèse : il est 15h16 et je suis soufflé par mon sens de l'à-propos. J'en étais au milieu de la phrase précédente quand, et c'est tout aussi authentique que l'anecdote que je décrivais, l'alarme anti-incendie s'est déclenchée dans le Hall ! Ça ne s'invente pas ! Bon, point positif, elle s'est arrêtée après quelques secondes. Tout bouleversé que je suis par cette coïncidence improbable, mais n'y voyant nul signe du destin pour autant, j'en reviens à mes moutons.


Satanée elle...

Dehors dans Cartwright Gardens, nous nous demandions donc si les responsables du Hall auraient vraiment voulu nous faire risquer la pneumonie tôt un matin fin novembre. Devant l'aberration d'une telle proposition, nous nous contentons d'obéir, justement, en gentils moutons, et de suivre les conseils du responsable qui s'époumone en hurlant : « Move back from the gates ! Move back from the gates ! ». Je traduis : éloignez-vous des grilles une fois que vous avez pénétré à l'intérieur du jardin, parce que sinon vous vous accumulez juste à l'entrée et vous bloquez le passage pour ceux qui suivent. C'était tellement surréaliste que je n'ai pas pu m'empêcher d'en faire le titre de ce message. Bon, il y aussi une autre raison, purement machiavélique, qui est de me dire que a priori vous ne lâcherez pas la lecture de ce message tant que vous n'aurez pas l'explication de son titre mystérieux, et que donc il y a des chances que la majorité d'entre vous m'ait suivi jusqu'ici. Bref, nous commençons à nous dire qu'il y a sans doute eu une réelle alarme dans le Hall. Jusqu'à ce qu'un étudiant allemand, Erasmus également, en philosophie à la London School of Economics (LSE), ébranle nos certitudes par un question d'un bon sens élémentaire : « But if there is an actual fire... Where the hell are the firefighters ?!? ». Autrement dit, c'était juste un test. Et vous savez la meilleure ? C'est qu'alors même que nous n'avons pu réintégrer notre Hall que vers 7h25, que tout le monde est donc resté en dehors de sa chambre jusqu'à 7h30, et que le 'breakfast' est servi à partir de 8h00... eh bien il n'y avait pas plus de monde que d'habitude au petit-déjeuner ce jour-là...

Les derniers étudiants regagnant le Hall, sur le coup de 7h30 du matin

Sur ce, je me remets à des tâches plus studieuses que la rédaction d'un billet de blog, en attendant la séance de patinage organisée ce soir avec le groupe Erasmus du Hall à la patinoire de la Somerset House. Le week-end prochain : voyage à York, toujours avec des étudiants Erasmus, même si nous ne serons que 7. Je vous tiens quoi qu'il en soit au courant. Allez, atchao bonsoir !

jeudi 1 novembre 2007

Save Our Bacon

La transition du 'God Save the Queen' à ce nouveau message, au titre pour le moins déstabilisant, est certes un peu rude. Oui, mais 'Save our Bacon' ("Sauvons notre bacon"), accrochez-vous bien, c'est là la « une » du fameux tabloïd quotidien The Sun, pour le jeudi 1er novembre de l'an deux mil sept. L'astuce ? Quelle astuce ? Il n'y en a pas : le 'leading article' (l'article phare) de l'édition d'aujourd'hui concerne bel et bien les risques liés à la consommation excessive de cette viande de porc fumée et salée. Sans commentaires.

Le sujet de lecture de plus de 7 800 000 Britanniques ce matin

Admirez la transition parfaite vers mes breakfasts anglais dans ce pays de brutes, qui m'a valu une certaine admiration de la part d'étudiants pourtant plus britanniques que les Beatles eux-mêmes : « I'm impressed to see you eating so much at breakfast each and every morning... Well, as long as you're exercising daily, this is some sort of a 'healthy appetite'... ». Pour être exhaustif, ça donne : un bol de porridge (si !) avec du miel, une tranche de bacon, une tranche de pain de mie recouverte de fromage fondu, deux beignets de pomme de terre ('ahsbrowns'), des oeufs brouillés, un bol de céréales, parfois un simili-yaourt, et quelques verres de jus d'orange bien chimique... Eh oui, le tout le matin à 8h ! Très sincèrement, on me l'aurait dit en juin, je l'aurais pas cru, mais je m'y suis bien fait... Certes, les 'beans' (haricots blancs à la sauce tomate) et les saucisses n'ont toujours pas fait leur apparition dans mon assiette matinale. Mais quoi qu'il en soit, ça permet d'économiser sur le déjeuner, qui n'a vraiment pas besoin d'être copieux... surtout qu'on dîne à 18h ! Fin de la parenthèse culinaire.

Le petit déjeuner anglais typique, selon Google...
Mouais...
Il est où le porridge ? Petit joueur, va !

Début de la parenthèse socio-culturelle sur Camden Town, où nous avons fait une sortie dimanche dernier sous la pluie avec un groupe... de Français, aïe, "encore", je sais, mais je vous assure ils sont super cools. Après-midi très sympathique, dans un décor plutôt en décalage avec les quartiers huppés de Russell Square et du Strand... Bon, je vous l'accorde, ce n'est pas encore le bidonville, ça fait un peu « côté décalé à vendre », mais il faut bien reconnaître que ça a beaucoup de charme. Au programme : longue balade dans les rues qui regorgent de petites boutiques vendant des T-shirts, sacs à mains, mugs, et autres sucettes au cannabis (à la pomme, en fait, mais vous avez une jolie feuille sur l'emballage), du style punk au metal en passant par le simplement loufoque. En supplément, une profusion de petits stands de restauration asiatique, qui vous vendent une barquette bien remplie de poulet frit-nouilles/riz cantonais pour 3£ qui sont bien rentabilisées... En tout cas, une visite indispensable en cas de passage à Londres un week-end, pour l'achat de cadeaux décalés et puis tout simplement pour le plaisir des yeux. Fin du passage « guide touristique à deux balles ».

La rue principale de Camden Town, et ses
boutiques alignées... sous la flotte

On avait commencé ensemble sur le titre du quotidien populaire du matin, The Sun, on va donc finir ensemble (dans le meilleur des cas, c'est à dire si vous avez lu jusqu'ici) sur la une du quotidien du soir, le Evening Standard, que j'ai eu le bonheur de voir dans les stands à journaux au niveau d'Holborn en rentrant de King's College tout à l'heure : « Gerry McCann is returning to work ». Je traduis : le papa de la petite Maddie, disparue au Portugal il y a 6 mois, va retourner au boulot. Voilà ce qui fait les délices des lecteurs anglais, et la fortune des maisons de presse. L'auteur américain Gore Vidal a un jour dit : « Half of the American people have never read a newspaper. Half never voted for President. One hopes it is the same half. » En ce qui concerne les Anglais, ça se discute...

Sur ce, je rentre demain à Paris via l'Eurostar pour quelques jours, grâce à ma 'reading week'. En guise de cadeau d'adieu, je vous mets la photo promise du pub du Waterfront à King's College. À plus !

Le Waterfront - admirez la baie vitrée au fond,
même si on voit rien dehors