Après une pause de quelques jours, reprise du blog. Au programme : mon installation dans Canterbury Hall, et ma découverte de la tradition de la (ou « des ») Freshers' Week(s).
Le début de cette semaine a été marqué par l'arrivée de nouveaux visages, notamment de camarades sciences-pistes à Londres. Arrivée aussi, donc, et ça c'est quelque chose, des neo-1ère années des diverses universités britanniques, les 'Freshers'. Je ne sais pas d'où vient ce surnom, mais ils représentent une catégorie à part, avec une tradition inébranlable, à laquelle se plient apparemment tous les individus concernés : quand on sort du lycée, il est temps de s'éclater. La KCL Students' Union (KCLSU) distribue des plannings de soirée Freshers, au rythme de 2 par soir, sur des campus différents. Les efforts désespérés du gouvernement britannique pour maintenir un semblant de bonne tenue dans tout ça sont dérisoires par rapport à l'étiquette des Freshers : venant dans la plupart des cas d'avoir 18 ans, et sortant en majorité des bons lycées privés où règnait la discipline la plus stricte, ils se lancent la tête la première dans les beuveries diverses, le plus souvent de bières, dont ils ressortent rarement... « frais », justement. Ceci tous les soirs pendant deux semaines. Une fois les soirées terminées, aux alentours de 23h-minuit (on ne se moque pas...), ils se réunissent en groupe dans les chambres des logements étudiants pour des drinking squats où le but semble d'achever les survivants, et d'anéantir les espoirs de sommeil des 'senior students' voisins, qui tentent en vain de rétablir un semblant de calme. Peine perdue, car à partir de 1h du matin, on entre dans la phase « activités innovatrices », du genre course-poursuite dans les escaliers. Mais loin de se limiter aux banales batailles de polochons, les Freshers débordent (aussi) d'imagination. Je cite ici l'anecdote d'un camarade de Sciences-Po de Great Dover Street, ayant assisté successivement il y a quelques jours de cela à une bataille d'extincteurs, puis à une audacieuse entreprise de transformation des canalisations d'eau de l'étage en machine à café géante. Si, c'est possible, en mettant du café en poudre directement dans les canalisations. Ça ne s'invente pas. Inutile de préciser que le lendemain matin au petit-déjeuner, il n'y a pour ainsi dire aucun Fresher debout à 8h pour le breakfast commun... Bref : Tradition, quand tu nous tiens ! À ce sujet (aussi), nos amis d'outre-Manche se révèlent donc assez conservateurs. Point positif à souligner : ces Freshers étant à peu près tous également paumés à leur arrivée dans le Hall, tout le monde fait vraiment des efforts pour aller vers l'autre et apprendre à le connaître un minimum. Le 'socialising' est intense à l'heure des repas, et témoigne d'une spontanéité qui reste limitée en France.
Pour les repas justement, il faut bien reconnaître des vertus aux coutumes british : pour peu qu'on y mette un minimum de bonne volonté, les breakfast que vous avalez en 45 minutes à 8 heures le matin sont bien assez pour tenir sans problème jusqu'à 13h. Un repas léger suffit ensuite pour survivre sans encombre jusqu'à 18h, l'heure du ... dîner. Comme quoi, le thé à 17h est un cliché des plus mensongers. Mais il faut bien dire qu'on s'habitue vite au rythme local, et qu'à 17h30 on commence à attendre le repas, de la même façon qu'on commence à se sentir 'exhausted' à 22h, même si ça fait un peu bizarre comme ça... La nourriture du Hall étant à peu près 'fresh' et 'edible', on s'en contente.
Enfin, petit point sur ma première réunion à King's, où notre 'Tutor', membre de l'administration chargée de notre accueil à King's, s'avère jeune, souriante, et dynamique, se moquant gentiment d'un étudiant lui demandant où se trouve la bibliothèque : 'Why the hell would you already want to go to the library ? Your classes haven't even started ! Can't you think of something including more fun to do in London right now ?' La seconde réunion d'information, dans l'après-midi de mardi, est elle nettement plus pesante, avec notamment des gentils 'bobbies' venant nous expliquer à quel point Londres est une ville du Tiers-Monde traversée de coupe-gorges et hantée par des criminels plus inventifs les uns que les autres sur les moyens par lesquels ils vont vous délester de votre argent, si ce n'est de votre vie, ou pire... ^^ Je caricature, certes. Disons juste que j'aurais résumé la série d'avertissement en une phrase : 'London is a big city'. Je reviendrai plus tard sur la quasi-omniprésence de consignes de sécurité à Londres, c'est quelque chose qui m'a vraiment marqué.
Dans l'immédiat, la fin de la semaine sera donc consacrée aux formalités administratives, notamment avec le parcours du combattant du 'enrolment' de vendredi. Vendredi sera aussi le moment où je risque à nouveau de me faire charrier si les Bleus perdent contre l'Irlande pour la coupe du monde de rugby. Il faut bien dire que je remercie le XV sud-africain d'avoir passé 36-0 à l'Angleterre quelques jours plus tard: allez savoir pourquoi, les moqueries sur la défaite de la France en match d'ouverture contre l'Argentine se sont arrêtées du jour au lendemain... Long live the Springboks ! :p
J'attends la suite, et de vos nouvelles, avec impatience.
4 commentaires:
Merci, Gaspard de ces nouvelles détaillées... Finalement, Londres, c'est aussi exotique et dangereux que le bout du monde... Fascinant... On plonge sous la Manche et on se retrouve dans l'univers d'Harry Potter. Protège-toi contre les "Freshers" comme contre les silhouettes hallucinantes créées par Mrs Rowling... Fais attention donc, si tu peux être dans un univers hostile ; et consomme les pintes de bière avec modération, même si les équipes anglaises se remettent à gagner... Ici, à Paris, la vie est plus paisible, malgré le chantier rue Lecourbe... Aucune autre invasion immédiate. A bientôt.
Merci pour tous ces détails! bonne familiarisation avec cettte "big city", et bonne socialisation... à+
cette, évidemment...
bonjour Gaspi
que diable, quelle épopée tu vis là, la nuit, et de surcroît avec de l'alcool! si j'avais su, je t'aurais prêté ma "Massbier", alias ma chope de bière d'1L hailement subtilisée Munich, non pour boire mais pour assomer tes voisins peu discrets et les aider à dormir héhé.
sois sage.
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