Ici Londres, toujours, où les Français parlent, toujours, aux Français. Pas d'autre changement majeur dans la capitale britannique que celui du calendrier, si ce n'est un détail démographique qui ne vous aura pas échappé, puisqu'il est l'objet du titre de ce message : on a retrouvé les Londoniens ! D'ailleurs, on se demande presque si on n'en a pas retrouvés plus qu'on en avait perdus, puisque la Ville de Londres attendait 350 000 personnes sur les bords de la Tamise hier soir pour le feu d'artifice du nouvel an. J'avais déjà eu la chance d'assister au feu d'artifice organisé par le maire Ken Livingstone (vous vous souvenez, le pseudo-homme de gauche anglais qui nous a fauché les JO de 2012 ?) la semaine de mon arrivée... pour le Thames Festival, qui avait été assez remarquable. Je m'attendais donc à quelque chose d'assez grandiose pour le spectacle « son et lumières » qui devait être tenu au pied du London Eye, la grande roue construite au bord de la Tamise pour le passage à l'an 2000.
Le London Eye, de jour (merci Myriam pour le copyright ;)
Et à l'évidence, je n'étais pas le seul à avoir ce genre d'attentes. Venant à pied, sous une pluie fine, tout droit depuis The Barbican, où séjourne ma famille, nous nous sommes dirigés plein sud pour rejoindre la Tamise, avec l'idée d'observer tout cela depuis, dans l'idéal, le Waterloo Bridge. Ayant été nommé responsable du trajet vers ledit pont, je me suis donc orienté avec mon instrument de navigation préféré : le pifomètre à aiguilles interchangeables, ce qui m'a conduit, bien involontairement, à nous faire passer sur notre chemin vers la Tamise par la rue de la bibliothèque de King's College, à laquelle, décidément, tous les chemins mènent. Je dois reconnaître que je ne me suis toujours pas remis de ce signe épatant de mon sérieux universitaire de première classe : la Maughan Library est mon étoile polaire à moi. Vous allez me dire, avec un prénom pareil...
Notre Maughan Library, toujours de jour (eh si...)
Bref, une fois arrivés à proximité de la Tamise, nous avons... pardon, je m'égare : j'ai la surprise de voir que la foule impressionnante de Fleet Street, se dirige vers l'Est, et donc vers Saint Paul et la City, en s'éloignant du London Eye et autre Waterloo Bridge. Me souvenant que le précédent feu d'artifice avait été tiré depuis le pied de la OXO Tower, qui se trouve à peu près au milieu entre Saint Paul et le London Eye, je me dis que l'Histoire va sans doute se répéter. En bons moutons de Panurge, nous suivons donc la foule sur Fleet Street, qui emprunte ensuite une rue adjacente menant directement sur les quai de la Tamise, pile en face de la tour en question. Croisant en chemin nombre de touristes, notamment un groupe d'Italiens chantant allègrement dans leur langue maternelle, nous progressons au milieu de la masse. Hallelujah, nous y sommes.
Au bout de la rue bondée : les quais de la Tamise, avec la OXO Tower en fond
Et en fait, non. J'ai renoncé à chercher une explication à ce mouvement de foule, mais le feu d'artifice a bien été tiré depuis le London Eye, et pas depuis la OXO Tower. On s'en remettra, pour une raison assez simple : la pluie fine sous laquelle nous avions entamé notre procession vers la Tamise ne s'est pas transformée en déluge, mais a eu le tort de s'installer, et de durer. Au nuage de fumée occasionné par les premières fusées du feu d'artifice se sont ajoutés les nuages naturels déjà présents et assez bas. Conséquence assez problématique d'un point de vue esthétique : nous n'avons pu voir que les premières fusées, l'avant-goût du feu d'artifice, puisque le reste était tiré trop haut, au dessus des nuages. On entendait très clairement la détonation, mais on ne voyait au mieux qu'une lueur de couleur au milieu de la brume plus compacte que jamais.
Le bouquet final, vu par nous...
Le bouquet final n'était d'ailleurs pas sans rappeler les plus belles images (nocturnes) des premiers bombardements américains sur Baghdad en 2003, qui avaient arrosé nos chaînes de télévision par besoin de sensationnel, alors que tout le monde convenait assez unanimement qu'on ne voyait absolument rien – à part quelques étincelles vertes sur fond noir. Tiens, j'y pense : voilà qui aurait fait un joli tableau à suspendre à la Tate Modern Gallery, dont on distinguait la monstrueuse cheminée d'usine depuis notre point de vue sur les quais de la Tamise. Le spectacle, même s'il n'était pas exactement à la hauteur de nos attentes, n'en a pas moins été assez festif et amusant, notamment grâce à la horde de touristes, français, espagnols, italiens, et autres, ayant investi le Thames Embankment le temps d'une soirée. Une fois le « feu d'artifice » terminé (enfin, une fois les détonations ayant cessé), une brume épaisse est descendue sur les quais, donnant l'impression d'un retour au début du 20ème siècle, où le fog londonien était encore légendaire.
La purée de pois à l'eau, séculaire spécialité anglaise
Mais voilà, les temps changent, et nous commençons à avancer sérieusement dans ce fichu 21ème siècle, et il ne me reste donc plus qu'une chose à dire : vous souhaiter à tous une très bonne année 2008, où que vous soyez, de San Francisco à Brisbane en passant par le reste des Etats-Unis, le Canada, l'Equateur, l'Argentine, le Brésil, l'Irlande, l'Ecosse, la Turquie, l'Inde, ou, plus sobrement (et majoritairement), la France. En espérant avoir de vos nouvelles : Happy New Year from London !
2 commentaires:
Allez, son, tu nous auras bien guides pour aller voir, dans la foule, un brouillard legerement colore a minuit sur la Tamise - mais, comme il y avait beaucoup de monde, on s'est dit que ce devait etre interessant en effet... Et puis il parait qu'a Paris il n'y a meme pas eu de simulacre de feu d'artifice sur la Seine, alors... On a meme reussi a rentrer a Barbican sans toi, c'est dire si on s'emancipe... Encore tous mes voeux, a partager avec les lecteurs de ton blog, pour que tu puisses inventer, et eux avec, une inoubliable annee 2008. See you soon.
Dad
c sympa d'être passé par là il y a quelques mois, je suis capable de suivre votre trajet dans ma tête...
Si ça peut te rassurer, les hauts bâtiments du séminaire lazariste de Cracovie nous ont aussi empêché de voir le feu d'artifice, nous pauvres français qui, encore effarouchés par la température pour notre premier soir en Pologne, n'avons pas trouvé le courage de ressortir après le dîner pour admirer les couleurs des fusées, entraperçues par l'intermédiaire des... velux!
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