Alors, ma carrière de Gentil Organisateur... Non, ne riez pas, G.O, ça peut être une excellente rampe de lancement vers la gloire: regardez Nicolas Canteloup... Malheureusement, il ne suffit pas toujours d'être motivé, il faut quand même avoir aussi du talent à la base. Or le talent, particulièrement dans le domaine concerné, ce n'est pas vraiment ce qui me caractérise. Comme les plus sagaces d'entre vous l'auront déjà deviné, je parle de donc de football. Conclusion limpide de ce syllogisme intérieur : je ne connaîtrai sans doute jamais la gloire footballistique. Certes, ce n'est pas à proprement parler un scoop. Bref, je m'égare. Je disais donc que je m'étais senti pousser, à défaut d'ailes, des manches de survêt' Club Med (c'est assez désagréable comme sensation) en essayant d'organiser un match de football sur grand terrain, à onze contre onze, entre mon Hall et le Hall d'un camarade sciences-piste, distant d'à peine quelques yards. Pour être plus précis, il m'a dit lundi qu'il avait de son côté des gars motivés, et m'a donc demandé de former une équipe de mon côté pour jouer ensemble samedi, soit hier. Après maintes pérégrinations et autres allées et venues dans le Dining Hall à l'heure des repas, j'ai fini vendredi soir par obtenir tant bien que mal l'accord d'une douzaine de personnes pour jouer le lendemain à 14h00 à Regent's Park contre Connaught Hall. Le lendemain 13h30, heure du rendez-vous fixé, dans la réception du Hall, mauvaise surprise : sur les 12 nommés, 10 manquent à l'appel. Répondent présents seuls l'Américain Nate et l'Anglais Wai Ho, à qui je rends hommage dans ce message pour leur firmitate et constantia et caetera. L'ami français de Connaught Hall me rassure en me disant que de toute façon ils sont beaucoup trop nombreux de leur côté, et qu'ils pourront nous passer des joueurs. Résultat : pendant le match, la « Canterbury Hall Team » réunit, donc, 3 vrais résidents de Canterbury Hall (je m'inclus), deux amis français en stage à Londres, et l'ami de Connaught qui décide de jouer avec nous... ainsi qu'avec 5 autres volontaires de Connaught Hall, qui acceptent de jouer pour l'ennemi. 3 + 2 + 1 + 5, ça fait 11, on est parti. 2 heures plus tard, triomphe pour la Canterbury Hall Football Team, qui s'impose 3 buts à 0, avec malgré tout une singulière particularité : aucun résident de Canterbury n'a marqué. No comment. Au lieu de me lancer dans une analyse, qui serait à n'en pas douter passionnante, de ce match joué sur un terrain boueux par des températures presque négatives, je me contenterai de me poser la question du pourquoi de cette désertion massive, de cet abandon des drapeaux, et j'y répondrai par une considération tautologique : le samedi matin succède au vendredi soir. Or, le vendredi soir, pour nos amis Freshers toujours aussi enthousiastes, n'est pas exactement le moment le plus reposant de la semaine.
La preuve de ma bonne volonté dans l'organisation de ce match...
Mais heureusement, mes activités sportives ne s'arrêtent pas à ce cuisant échec de G.O en herbe coupée sous le pied : grâce à un étudiant Erasmus espagnol de notre Hall, je me suis mis au squash, sport dont je dois reconnaître qu'il est fort agréable à jouer. Une fois comprises les règles élémentaires (tu tapes dans la balle avec la raquette contre le mur d'en face jusqu'à ce que ton adversaire n'arrive plus à la renvoyer), le jeu devient assez vite prenant et plutôt fin, tout en restant plus abordable que le tennis. Une Squash League a été organisée par le comité chargé de la vie étudiante dans le Hall, ce qui me permet de faire des mauvaises surprises en répondant à mes futurs adversaires qui me demandent si je sais jouer au squash : « à vrai dire, j'y ai joué pour la première fois de ma vie il y a une semaine et demi ». Mauvaise surprise, parce que je peux malencontreusement omettre le détail que j'ai quand même fait 10 ans de tennis, et que taper fort dans une balle avec une raquette, techniquement, je sais faire. Ça a conduit ledit Espagnol d'Erasmus à me dire, avec un grand sourire : « You've got the technique but you haven't got the idea... ». Pas faux. Bref, le squash, c'est vraiment génial, même s'il faut reconnaître que jouer au squash contre un étudiant sportif anglais, c'est un peu comme jouer à la pétanque contre un retraité provençal, ou au tir à la carabine contre un propriétaire texan : c'est un sport dans lequel les débats sont dès le départ assez déséquilibrés.
Le court de squash du Hall, et deux protagonistes débutants
En guise de conclusion, permettez-moi de vous raconter une anecdote totalement authentique dont je fus naguère (mardi dernier) le triste héros. J'insiste sur le fait qu'elle est authentique parce que c'est à peu près son seul intérêt... Je veux dire qu'il s'agit d'une anecdote relativement ennuyeuse, dont on pourrait à l'extrême rigueur tirer une morale dont l'utilité ne m'apparaît cepedant pas évidente. Enfin, bon... Donc, vers sept heures moins dix mardi matin, hurlement strident en provenance du sympathique dispositif harmonieusement installé au plafond dans toutes les chambres du Hall, et qui a pour nom « fire alarm ». Dans un élan d'optimisme, si ce n'est de lucidité pour une heure aussi matinale, je me dis qu'un huluberlu a décidé de tester à nouveau si on pouvait outrepasser l'interdiction de fumer à l'intérieur du bâtiment. Dans ces cas-là, l'alarme s'éteint d'elle-même au bout de quelques secondes. Donc, j'attends. Pas de bol, ça ne s'arrête pas. J'attrape donc un manteau que j'enfile par dessus mon pyjama, enfile mes pieds nus dans mes baskets, et me dirige vers la sortie. En chemin, je croise un certain nombre de corps en mouvement qui défient les lois de la science voulant que l'existence des morts-vivants se limite aux films d'horreur. Rassemblement, donc, dans les jardins de Cartwright Gardens, qui font face à notre Hall, tout le monde se demandant si l'administration a été assez sadique pour prévoir cet exercice (ils ont en tout cas tous l'air bien réveillés, eux), ou s'ils ont réellement cru à un risque d'incendie.
Parenthèse : il est 15h16 et je suis soufflé par mon sens de l'à-propos. J'en étais au milieu de la phrase précédente quand, et c'est tout aussi authentique que l'anecdote que je décrivais, l'alarme anti-incendie s'est déclenchée dans le Hall ! Ça ne s'invente pas ! Bon, point positif, elle s'est arrêtée après quelques secondes. Tout bouleversé que je suis par cette coïncidence improbable, mais n'y voyant nul signe du destin pour autant, j'en reviens à mes moutons.
Dehors dans Cartwright Gardens, nous nous demandions donc si les responsables du Hall auraient vraiment voulu nous faire risquer la pneumonie tôt un matin fin novembre. Devant l'aberration d'une telle proposition, nous nous contentons d'obéir, justement, en gentils moutons, et de suivre les conseils du responsable qui s'époumone en hurlant : « Move back from the gates ! Move back from the gates ! ». Je traduis : éloignez-vous des grilles une fois que vous avez pénétré à l'intérieur du jardin, parce que sinon vous vous accumulez juste à l'entrée et vous bloquez le passage pour ceux qui suivent. C'était tellement surréaliste que je n'ai pas pu m'empêcher d'en faire le titre de ce message. Bon, il y aussi une autre raison, purement machiavélique, qui est de me dire que a priori vous ne lâcherez pas la lecture de ce message tant que vous n'aurez pas l'explication de son titre mystérieux, et que donc il y a des chances que la majorité d'entre vous m'ait suivi jusqu'ici. Bref, nous commençons à nous dire qu'il y a sans doute eu une réelle alarme dans le Hall. Jusqu'à ce qu'un étudiant allemand, Erasmus également, en philosophie à la London School of Economics (LSE), ébranle nos certitudes par un question d'un bon sens élémentaire : « But if there is an actual fire... Where the hell are the firefighters ?!? ». Autrement dit, c'était juste un test. Et vous savez la meilleure ? C'est qu'alors même que nous n'avons pu réintégrer notre Hall que vers 7h25, que tout le monde est donc resté en dehors de sa chambre jusqu'à 7h30, et que le 'breakfast' est servi à partir de 8h00... eh bien il n'y avait pas plus de monde que d'habitude au petit-déjeuner ce jour-là...
Sur ce, je me remets à des tâches plus studieuses que la rédaction d'un billet de blog, en attendant la séance de patinage organisée ce soir avec le groupe Erasmus du Hall à la patinoire de la Somerset House. Le week-end prochain : voyage à York, toujours avec des étudiants Erasmus, même si nous ne serons que 7. Je vous tiens quoi qu'il en soit au courant. Allez, atchao bonsoir !
2 commentaires:
Merci, Gaspard, de cette réactualisation du blog. En bonne mère juive, je réagis tout de suite, te félicite et te rassure... L'essentiel est de participer, même à l'organisation un peu foireuse d'un match de foot boueux, même à des matchs de squash pour pseudo débutants, même à une alerte incendie pour rire... J'ai même reconnu les citations de Desproges (ça, c'est la participation à la culture commune). Continue à animer le club Med local (Erasmus, les stages à l'étranger ont tous en effet cette réputation - voir au cinéma "L'Auberge espagnole"). Et garde des forces intellectuelles pour travailler en France, à ton retour, l'année prochaine. A tchao.
Dad
Oui dis donc, c pas trop tôt... 24 jours entre deux posts, record à battre! lol tu me fais penser à Matthieu qui vient de passer une semaine sur son bateau et a été réveillé toutes les nuits par des sympathique "pour exercice... pour exercice... incendie dans le local C32F..." visiblement il était traumatisé.
Bref, retour de soirée chez Olivier, je me suis réveillée à... 15h30.(ok, déjà dans la nuit de vendredi, je m'étais couché à 4h).
à plus ds l'bus
clo
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