Je commence par là où j'en avais fini : la Coupe du Monde de rugby, et donc la triste élimination de la France par Johnny Wilki... je m'égare, je voulais bien entendu dire « par l'Angleterre ». Par commodité, ou par superstition, ou par un peu des deux, nous sommes retournés avec des camarades français dans le même pub – bourré à craquer – que celui dans lequel nous avions assisté au triomphe des Bleus sur les All Blacks. Hélas, ce ne fut – je ne vous apprends sans doute pas grand chose – pas le même résultat, malgré notre acharnement à nous faire entendre. Si le pub « Roundhouse » serait facilement passé pour français lors du match contre la Nouvelle-Zélande, le public anglais s'est bizarrement montré nettement moins coopératif samedi dernier.
Malgré tout, on nous a laissé chanter la Marseillaise (un peu chahutée, mais sans plus), taquiné tout au long du match avec un peu de finesse (« Who is this player 'Allez' ? He seems to be very good... »), et un peu charrié sur la fin. Au coup de sifflet final, explosion de joie et pluie de bière (véridique) dans le pub, avant quelques scènes de jubilation « populaire » – modérées – dans les rues de Leicester Square. Tous comptes faits, il vallait sans doute mieux se trouver à Londres qu'à Paris, pour subir certes quelques railleries le lendemain matin au brunch, mais sans l'atmosphère de deuil national et d'aigreur anti-Laporte qui a dû saisir la Ville Lumière à la fin du match. Dans l'immédiat, une préoccupation majeure : apprendre le « God Save the Queen », hymne aussi démocratique que « La Marseillaise » n'est pacifique, en vue de la finale de demain soir contre l'Afrique du Sud. Pour le reste, il suffit de rester beau joueur et de ravaler sa déception pour ne pas trop mal passer ici à Londres : Bravo aux Anglais, donc. Et allez eux contre les Boks. On notera tout de même l'absence de point d'exclamation...
Je me permets de donner certaines proportions de nationalités en ce qui concerne le public du Roundhouse de samedi : entre 12 et 15 Français pour sans doute au moins 150 Anglais. Et malgré tout, on se faisait – bien – entendre, à défaut de se faire bien voir. Amusante conséquence de cette débauche de décibels de ma part pendant le match : je me suis retrouvé totalement aphone dimanche, dans une mesure que je n'avais jusqu'ici jamais vue ailleurs que dans les bandes dessinées d'Achille Talon, où l'aphonie des protagonistes un gag récurrent. Malgré mes efforts les plus violents, je ne parvenais à émettre, au mieux, que le bruit d'un parquet Ikea qui grince. Je pouvais encore chuchoter, mais vous conviendrez que dans un dining hall regroupant 200 étudiants qui ont tout leur week-end à se raconter, c'est un peu limité. Après une économie de ma voix ainsi qu'une consommation intensive de miel au cours des derniers jours, tout va mieux. Ouf.
Retour express sur la météo : il fait certes beau depuis quelques jours, mais il arrive que certains matins, sur les coups de 9 heures du matin, il pleuve. Remarque en soi dépourvue du moindre intérêt (vous voyez, j'en suis un peu conscient quand même), mais qui pourraient en intéresser certains. Je vous fais ici part d'un phénomène assez intéressant, qui me fascine quand je passe par Aldwych pour me rendre vers le Strand et King's College London : je contourne la « House of India » (l'ambassade, en fait), le long de laquelle s'alignent conscienceusment, jour après jour, des centaines d'anonymes voulant faire leur demande de visa. On en viendrait presque à noter les records de longueur de cette file d'attente quotidienne, qui atteint parfois près du tiers de la longueur totale d'Aldwych. Et pour ceux-là, la question de savoir s'il va pleuvoir ou non sur les coups de 9 heures du matin n'est pas totalement dépourvue d'intérêt...
Scène kafakïenne dans un décor kafkaïen, la tête de la queue (je l'avoue : je fais fort) se situant au niveau d'un bâtiment en travaux présentant une façade un peu chelou et assez flippante, comme emmêlée dans un piège d'acier. Vous admirerez le décalage de niveau de langage...
Fin de la parenthèse pseudo-littéraire, et véritablement légère sur ses pauvres gens qui se retrouvent à attendre 2 heures dans la rue pour d'obscures demandes de visa indien. J'espère pour eux que ce ne sont pas les mêmes matin après matin...
Une fois dépassée la file d'attente d'Aldwych, j'arrive rapidement dans le Strand Campus de King's College London, pour suivre mes cours inégalement passionnants.
L'architecte pour le moins original du bâtiment a eu la lumineuse idée de le construire tout en hauteur, et vous pouvez donc avoir à monter jusqu'au 7ème étage pour assister à un cours de The EU Integration, par exemple. Soit dit en passant, l'administration de King's College elle-même vous déconseille de prendre ses propres ascenseurs.
and are currently prone to breakdowns"...
Voilà qui insipire confiance. Mais comme il y a une justice sur terre, cela vaut la peine de monter jusqu'au sommet du bâtiment, à l'étage des War Studies : la vue depuis les fenêtres de ce doux département est assez remarquable, même si elle n'égale pas celle du Waterfront, le pub-cafèt' de KCL, dont je vous ferai profiter une autre fois sans doute.
'London Eye' et 'House of Parliament' depuis le 7ème étage
Sur ce, fin de ce message qui a mis un peu de temps à venir. Mais c'est comme pour « Les Guignols de l'Info » : je pense ça vaut parfois la peine d'attendre la fin de la semaine pour tout regarder d'un coup dans « La Semaine des Guignols », c'est plus consistant et plus pratique que si vous le regardez au compte-goutte. Maintenant, vous pouvez éteindre l'ordinateur et reprendre une activité normale. Allez atchao bon week-end !